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Disques

Julie Doiron – Julie Doiron and the Wooden Stars

JULIE DOIRON AND THE WOODEN STARS – s/t
(Sappy records/Southern)

JULIE DOIRON AND THE WOODEN STARS - s/tCe sont de jeunes femmes plus que discrètes -distantes ou absentes-,souvent têtues et pas faciles. Leur musique est à l’avenant, cultivant les épines de l’introversion et de la difficulté à vivre. Héritières des Nico, Sandy Denny, Joni Mitchell ou Patsy Cline, ces incurables mélancoliques ont pour noms Edith Frost, Shannon Wright, Chan Marshall, Cynthia Dall, Hannah Marcus, Jen Wood, Sarah White, et on en oublie. La nouvelle venue dans cet american music girl club qui nous a détournés de l’ordinaire des musiques
mâles et émotionnellement plates se nomme Julie Doiron. Deux ou trois choses que l’on sait d’elle : canadienne, elle a joué dans le groupe Eric’s trip avant d’entamer une carrière solo et d’être mère de famille. Voilà pour l’état-civil. Pour un compte-rendu plus affectif, disons que Julie Doiron nous avait précédemment troublés dans un EP où elle posait des questions essentielles ("Will you still love me in december ?") uniquement accompagnée d’une guitare électrique étouffée et un vibraphone aphone. Un EP cultivant avec douceur la solitude et la réclusion, palais d’hiver ouvert à tous les courants d’air, balloté par une météorologie existentielle digne des climats du grand nord. S’il existe des disques d’île déserte, on aurait plutôt classé celui-là dans les disques de banquise en jachère. Changement d’instrumentation pour le nouvel album, enregistré avec un groupe d’amis, les Wooden Stars. Cette fois-ci, Julie sort de sa cabane du fond des bois pour aller à la ville se brancher sur le secteur : pas de rock bruitiste pour autant, les musiciens pratiquant l’électricité bas voltage et ne jouant que le strict minimum pour offrir l’intensité nécessaire aux chansons. Un groupe étonnant de justesse et de finesse, comme on n’en avait pas entendu depuis les Dirty 3 sur le "Moonpix" de Catpower. Un groupe-écrin parfait, mettant en valeur la beauté froide mais jamais frigide des morceaux de Julie Doiron : si la canadienne semble viscéralement incapable de détachement et d’ironie face à l’étendue de ses névroses quotidiennes (de l’auto-dénigrement "I’m only pretty when I’m crying" à la peur de l’abandon "and you’re gone and I’m not"), la neutre douceur de son timbre de voix (l’équivalent féminin de Mark Kozelek ?) prévient heureusement tout défoulement lacrymal. Pour finir sur une note plus personnelle, on notera que si Julie Doiron ne prétend pas rivaliser avec les apprêts bon marché de Britney Spears, sa musique est à sa façon beaucoup plus insidieusement sensuelle -voire sexy : qui pourrait demeurer insensible à ces paroles (en français dans la chanson) ? "Déprimante, perfide, ça c’est moi, n’est-ce-pas ? Au contraire, au contraire. Viens me prendre". On l’aura compris, le signataire de cette chronique aime les filles pas faciles.

Laurent

Last Time
Gone Gone
Longest Winter
Best Thing for Me
In This Dark
Drums & Horns
Dance Music
Contraire
Seven
Second Time
Sweeter

website : http://members.tripod.com/julie_doiron/

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