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Concerts

Wire – Trabendo, Paris (festival Kill yr idols), 7 mai 2003

WIRE – Trabendo, Paris (festival Kill yr idols), 7 mai 2003

De tous les groupes de la charnière 70’s/80’s qui repointent le bout de leur nez ces temps-ci, Wire est sans doute l’un des rares à être encore pertinent. Sans avoir vraiment appartenu au mouvement punk et post-punk malgré la proximité temporelle et stylistique, le quartette aura avec une inébranlable intégrité appliqué ses principes, faisant tout pour ne pas devenir à son tour l’un de ces dinosaures abhorrés. D’où une "carrière" maintes fois interrompue, une indépendance aujourd’hui totale (ils enregistrent à leur rythme pour leur propre label, sans rendre de comptes à personne), une volonté constante d’aller de l’avant et des concerts toujours imprévisibles. Wire, c’est un peu le groupe Opinel : souvent copié, d’Elastica à Tarwater, mais jamais égalé. Une formation éminemment influente (jusqu’à Bashung circa 82-83) qui, au lieu de relever paresseusement les compteurs, préfère poser de nouvelles lignes électriques. C’est dire si, après les avoir ratés lors de leur précédent passage au Nouveau Casino (complet) il y a quelques mois, on était impatient de les voir enfin sur scène, au Trabendo cette fois-ci.

On s’attendait à quelque chose de percutant, mais pas à un tel blitzkrieg sonore. Dans la même formation qu’il y a… 26 ans, Wire joue à un volume à la limite du supportable, digne de Motörhead, comme s’ils étaient au Zénith et voulaient absolument que les spectateurs assis tout en haut des gradins les entendent bien – sauf qu’il n’y a que quelques centaines de personnes en face d’eux. Colin Newman débarque d’abord seul, éructant façon Mark E. Smith (The Fall) sur des bidouillages electro saturés d’infrabasses.
Bruce Gilbert et Graham Lewis le rejoignent, bientôt suivis du batteur Robert Gotobed (qui, selon diverses biographies, avait quitté le groupe au début des années 90 pour se lancer dans la culture bio – ça ne s’invente pas). Suivent cinquante minutes et quelques d’une musique encore plus brutale et nihiliste que celle gravée par le groupe sur le séminal "Pink Flag", concassée à toute berzingue sur un ou deux accords et à un rythme métronomique, qui ne variera presque pas du début à la fin du concert.
Comme s’ils voulaient absolument nous faire oublier qu’ils ont écrit, dans le temps, des perles pop comme "Outdoor miner", "Map Ref. 41° N 93° W" ou "Kidney Bingos"… Fidèle à ses habitudes, Wire ne joue aucune chanson connue (ou alors on ne les a pas distinguées dans la masse sonore), limite au minimum les échanges avec le public et n’est quasiment pas mis en valeur par le light-show, inexistant. Quand quelqu’un se risque à demander un "tube" comme "1.2.X.U" ou "Lowdown", Newman lui lance, pince-sans-rire : "Vous n’aurez qu’à écouter le disque". Un plaisantin lance quant à lui un "Are you the fly ?", référence au fameux morceau "I Am the Fly" (qu’ils ne joueront évidemment pas). Le groupe fera deux rappels – le second constitué de deux morceaux d’environ une minute chacun – avant de laisser les spectateurs reprendre leurs esprits et reposer leurs tympans endoloris. Au-delà de l’anecdote – quatre quinquagénaires sexy comme des profs de sciences nat jouent aux punks situationnistes et font pogoter le public d’un festival d’electro et de musique concrète -, un vrai concert de rock comme on n’en avait plus vu depuis… longtemps.

Vincent

Mémo pour leur prochain concert : acheter des boules Quiès.

Pour les néophytes, deux compilations résument les deux "grandes" périodes de Wire : "On Returning" (77-79, Harvest/EMI) et "The A List" (85-90, Mute).

Le nouvel album, "Send" est disponible par correspondance (comme son titre l’indique) sur le site du groupe : http://www.pinkflag.com/

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