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The Kills – Interview

 

Ils sont deux. Lui, est allongé sur le canapé de l’unique loge du CAT de Bordeaux. Elle, vous accueille d’un léger sourire. Bienvenue dans l’intimité du groupe rock le plus hype du moment : The Kills. Hotel et VV, le duo glamour des Kills, faisaient parler d’eux avant même la sortie de leur premier album « Keep On Your Mean Side ». Au menu de ce premier opus, un rock brut, instinctif qui vous foudroie et vous entête. Sans crier gare dès la première écoute, vous vous retrouvez à chanter « Hey, Fuck the people »… la magie a opéré.

Lorsqu’on écoute votre album « Keep on your mean side », on ressent des connotations Blues. Elle est là votre principale inspiration ?
Hotel : Ce qui m’intéresse le plus dans le blues, c’est ce qui lui est arrivé 40 ans après les débuts. Ce qui me plait c’est ce que Captain Beefheart en a fait, Canned heat, le Velvet Underground, Real trucks ou encore PJ Harvey. Le principe de prendre quelque chose d’existant, de primitif, et de le rendre à nouveau vital me séduit. Quand j’écoute du blues pur des années 30, j’adore le son et il m’impressionne mais ce n’est pas aussi vital pour moi que d’écouter ce que P.J Harvey fait avec du blues.

En regardant le travail effectué sur cet album, pensez vous que vous avez suivi une démarche similaire à celle de P.J Harvey ?
VV : Nous n’avions aucun plan de travail, aucune envie de prendre de vieux trucs et de les refaire. Mais nous écoutons énormément de musique, je pense que les trucs qui t’inspirent réellement resurgissent forcement dans ta musique.
Hotel : Et puis il y a un aspect pratique, il faut que nous jouions des choses qui marche pour deux personnes. Il faut donc une base rythmique très simple, un riff de guitare et un aspect vocal. C’est sûrement pour cela qu’on nous associe au blues…

Justement n’avez-vous pas peur que le fait d’être deux et d’utiliser une boite à rythme finissent par être limitatif ?
Hotel : Cela fait tellement longtemps que l’on traîne ensemble à faire de la musique sans prétention… Avec d’ailleurs aucune intention de faire un groupe. Du coup quand on s’est décidé à en créer un, c’était trop tard, on ne pouvait intégrer quelqu’un d’autre. Et comme on n’arrivait pas à trouver un batteur, Hotel a appris à jouer de la batterie. On joue sur un enregistrement live fait par Hotel. Il n’y a, en fait, que deux chansons où l’on a utilise une boite à rythme.

Votre duo est vraiment intense. Vous vous êtes rencontrés après avoir échangé des cassettes. C’est vraiment l’amour de la musique qui vous a poussés l’un vers l’autre ?
VV : Oui je pense, c’était la base de toutes nos conversations. Au début, très peu d’entre elles parlaient de groupes actuels. Selon moi actuellement, rien ne se fait de très excitant. Alors, nos conversations parlaient de vieux groupes, on écoutait ce qu’il faisait on s’imaginait ce que cela aurait été de vivre à cette époque, à cette période historique. On rêve qu’une scène identique se recréer de nos jours, comme a l’époque du Velvet Underground à la fin des 60’s. Une célébration de l’art, un truc très « do it yourself », incontrôlable. Cet esprit, c’est vraiment ce que nous avons voulu célébrer dans cet album.

Vous pensez que cette scène néo-rock’n’roll est en passe de recréer cet esprit ou est ce qu’il s’agit seulement d’un feu de paille commercial ?
VV : Cela dépend des groupes et de leur démarche. En effet, pour avoir une conversation sur l’aspect commercial de la musique, il faut également en parallèle avoir une conversation sur la démarche des groupes. Il semble que bon nombre de ces groupes signent sur des majors, alors ils se retrouvent dans une position délicate qui les bâillonnent. Mais si dès le début, tu as une idée claire de ce que tu veux pour ton groupe, tu ne risques rien. En signant sur une major tu sais d’avance qu’il vont se faire de la pub sur ton dos, et du coup ta musique deviendra forcément commerciale.

Et vous, quel type de contrat avez-vous signé avec Domino ?
VV: Dès le début, on voulait un label indépendant, Domino était donc en haut de notre liste car ils sont un des derniers labels totalement indépendants en Angleterre. Nous apprécions la façon dont ils travaillaient avec les groupes. La signature a été très rapide, Lawrence a entendu un de nos morceaux chez le disquaire où travaille un de ces amis. Il nous a téléphoné et en gros en une demie-heure, le deal était signé. Depuis, nous avons travaillé avec lui… Ca fait un petit bout de temps maintenant.
Hotel : Le problème de la plupart des contrats c’est qu’ils ne servent pas les groupes. D’habitude, les musiciens signent pour trois albums, ils en font un et ensuite c’est la maison de disque qui décide s’ils continuent ou pas. Du coup, les groupes ont toujours les mains liées car ils veulent faire un disque qui plaît à la maison de disque pour que ces derniers ne les lâchent pas alors… Peut-être que nous étions naïfs ou trop confiants, mais nous n’avons jamais voulu ça. Nous, on voulait signer pour un album et on voulait un véritable travail de coopération. Le genre de deal qu’on ne peut avoir qu’avec un label comme Domino. Et effectivement, c’est ce qui s’est passé. On partage les bénéfices, et on a signé pour un seul album. A la fin de cette période, on décide ensemble du futur mais personne n’a le contrôle.

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