MY JAZZY CHILD – Sada Soul
(Clapping music / Chronowax)
Déjà repéré lors d’innombrables apparitions sur les compilations des labels Evenement, Clapping Music et Active Suspension, Damien Mingus sort enfin sa tête de la mêlée "électronique folk de traviole" parisienne et on se régale.
Au premier abord, ce disque à la pochette minimale et inachevée, passerait pour un nouvel essai de digestion électro-folk déjà fort bien maîtrisée par ses confrères Encre, Colleen ou Davide Balula. Tout faux : là où les autres privilégient la recherche d’ambiances et attachent de l’importance à la forme, "Sada Soul" se concentre sur l’émotion et va droit au but. Dans un esprit très ‘free jazz’ (ça passe ou ça casse), il ose les collages les plus incongrus et traverse des champs musicaux tête baissée. Et ce risque paye.
Entre The Sea & Cake (pour le groove), Arto Lindsay (pour les arrangements) ou Tom Zé (pour l’exotisme magnifiquement digéré), cet album qu’on rêverait d’entendre allongé au soleil d’une plage des Caraïbes est d’une sensualité jamais entendue dans un disque de musique assistée par ordinateur. Les arrangements de voix sont précis, délicats, et permettent à la musique de pousser les murs pourtant rigides de l’électronique. Parfois exotiques et pimentées, toujours sombres et profondes, les chansons de My Jazzy Child pourraient préfigurer ce que sera la "world music" dans 10 ans : un langage musical dénué de toute attache temporelle ou géographique, un objet curieux, troublant et inconnu… Et dansant.
Malin comme un singe, le parisien utilise divers tours de passe-passe pour aérer ses chansons. Comme la voix de "Emiliano Carnaval" qui rappelle les incantations chamaniques d’un Sun Ra enfant. Ou cette guitare acoustique qui règne partout en maître : de son combat avec le laptop, elle ressort même abîmée, griffée, chahutée mais indemne. Mieux, ces à-coups répétés et entrelacés forment, au bout du compte, une véritable bossa futuriste, une saudade pixellisée.
Un petit GRAND disque.
Whatever you do
Emiliano Carnaval
Sada Soul
Morfler
Shame on you, I love you
Barcelona
Not too hard
Lov Icon
V&V
Electrique
Twice upon a time