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Festival Art’Rock – Sonic Youth, Yann Tiersen, Santa Cruz, Luke, Sunday Drivers, Mercury Rev

FESTIVAL ART’ROCK – Sonic Youth, Yann Tiersen, Santa Cruz, Luke, Sunday Drivers, Mercury Rev

22ème édition de Art Rock, un des festivals les plus intéressants et les moins alcoolisés des nombreuses manifestations musicales bretonnes. Une programmation toujours aussi éclectique qui conjugue artistes français et internationaux, têtes d’affiches et découvertes, rock, world et electro, concerts, théâtre, danse et expositions. Après la première soirée qui laissait carte blanche à Olivier Assayas (compte-rendu ici), voici enfin la suite.

3 juin 2005

Après avoir assisté à la conférence de presse des Sonic Youth, c’est avec un grand sourire que je me dirige vers le Village pour les concerts de KTribe et La Phaze. On oubliera vite les premiers, et les deuxièmes ont une certaine qualité scénique, même si ce mélange Asian Dub Foundation / punk français 80’s n’est pas trop de mon goût. En fait, je suis tellement heureux d’avoir pu voir les New Yorkais de si près que la prestation de ces deux groupes me laisse quelque peu indifférent.
Je fonce donc plutôt vers la place Poulain Courbion où aura lieu l’événement de cette journée avec le concert très attendu de Sonic Youth.

Ce sont les Sunday Drivers qui ouvrent le bal avec leur pop gentillette. Les Espagnols font fureur dans leur pays, cela tient-il plutôt d’un patriotisme ibérique ou d’une réelle qualité de scène ? C’est le troisième concert du sextet de Tolède en Bretagne. Ils étaient présents aux Transmusicales mais ces malchanceux passaient en même temps que les Beastie Boys… Visiblement heureux d’être là, ils dégagent d’entrée une bonne humeur communicative. La pop 60’s tirée de leur dernier album "Little Heart Attack" est jouée d’une manière très professionnelle, les Castillans ne s’autorisant que de trop rares digressions. Le tube "On My Mind" est quand même assez bien foutu et on se prend facilement au jeu. Mais globalement ces mélodies sympathiques, parfois entraînantes, ne cassent pas non plus des briques. Il y en aura quand même un pour se lancer dans un slam, ce qui anéantit d’emblée ma théorie sur Art Rock comme étant le festival breton le moins alcoolisé. C’est donc sans grand chagrin que je vois partir les Espagnols.

Le spectacle se poursuit avec les expérimentés Mercury Rev. En voyant entrer les Américains, je me remémore avec nostalgie l’année 1998 et leur sublime "Deserter’s Songs". D’ailleurs les gars des Catshill ont la bonne idée de jouer un florilège de leurs meilleurs titres, ainsi la majeure partie des morceaux sont tirés de "Deserter’s Songs" : "Holes", "Opus 40", "Goddess on a Highway", "The Funny Bird" et leur dernier album, l’assez décevant "The Secret Migration" est peu représenté. Le jeu de scène extravagant de Jonathan Donahue atteint son paroxysme avec "Tides of the Moon" sur laquelle l’Américain bat des ailes. On peut trouver ça ridicule, moi je trouve ça assez merveilleux. On reste captivé par ses performances vocales et ses attitudes surjouées. Mercury Rev arrive mieux que quiconque à retranscrire la féerie de leurs albums sur scène. C’est tout simplement beau, leur prestation est impeccable. Ils finissent leur set avec le grandiloquent "The Dark Is Rising", un grand sourire aux lèvres, contents d’être là ce soir. Nous aussi.

MERCURY REV

Mais l’évènement de cette soirée – l’évènement du festival étant plutôt la carte blanche de Assayas le jeudi soir – est le concert très attendu des Sonic Youth. Généreux, les New Yorkais vont jouer pendant une heure et demie. Les Américains enchaînent vieux tubes ("Teenage Riot", "Drunken Butterfly"…) et morceaux de leurs derniers albums en privilégiant surtout ceux de "Sonic Nurse" ("Pattern Recognition"). Le show est surtout assuré par Thurston Moore. Un membre du public lui propose de jouer avec une guitare miniature, il la prend, hésite à la fracasser puis l’utilise un court instant. Quand il ne triture pas sa guitare, il va faire le guignol sur les enceintes. Jim O’Rourke et Steve Shelley sont toujours aussi discrets mais tout autant indispensables. Ranaldo a le sourire jusqu’aux oreilles et Kim Gordon applique sérieusement son chant distancié caractéristique. Sonic Youth dégage un plaisir communicatif.
Malheureusement, un problème technique vient plomber le set des Américains pendant cinq bonnes minutes, laissant le public circonspect et sur sa faim. Les New Yorkais le prennent plutôt avec sourire. Ca fait surtout rigoler Ranaldo et Moore en profite pour chauffer le public. C’est donc dans un immense soulagement que le concert reprend de plus belle avec un public de toute façon déjà acquis dès le début du concert, que Moore et Ranaldo finiront dans un beau duel de guitares.

C’est ensuite le tour de Luke, devant un public franchement rajeuni par rapport au précédent concert. Quelque peu déçu par le fait que les Bordelais aient refusé que je les prenne en photo pendant leur concert, échaudé par une réputation de scène peu engageante, je les attends un petit peu au tournant. Ca démarre fort, c’est très carré, et Luke enchaîne les tubes de son dernier album ("Soledad", "Comme un homme"…) avec une efficacité notable. Le chanteur Thomas Boulard encourage le public avec son style légèrement démago. Puis les Bordelais calment le jeu pendant le milieu du set avec des ballades guère emballantes. On reste un peu gêné par une prestation très "Noir Désir" : mêmes cris, chant quasi identique. Ce qui amène même trois imbéciles à scander "Libérez Bertrand Cantat". Assez pour me donne envie de trouver des qualités à ce concert de Luke, quand même bien mené.

Une belle soirée marquée plutôt par les concerts des artistes venant d’Outre-Atlantique que par ceux venant de la vieille Europe. L’eurosceptisme est décidément partout…

Dimanche 5 juin

C’est dès 15 heures que commence le concert de Santa Cruz. Pas évident de commencer à une heure pareille, surtout pour les musiciens, mais aussi pour les festivaliers. Les sept Rennais arrivent sous la pluie, heureusement tous les concerts de Art Rock sont protégés par des chapiteaux. Bruno Green avertit (en réponse à la présentation maladroite dans le carnet du festival) avant le début du set : "Contrairement à ce qu’on vous a dit, non, nous ne sommes pas des cow boys". Le groupe arrive progressivement à conquérir un public pour le moins éclectique. C’est avec "Sad Ugly Boy (part 1)" que le combo commence à convaincre vraiment. La diversité des instruments (banjo, trois guitares, basse, batterie, piano, wah guitare…) est maîtrisée à merveille par ces expérimentés musiciens. Au milieu du set surgit le très bon "Broken Arrow", qui met en exergue ce délicat mélange entre pop et americana qui fait la renommée du groupe.
On aperçoit dans les coulisses des membres de Bikini Machine et on se met à espérer qu’ils viendront sur scène pour que Santa Cruz puisse interpréter "Flowers For My Friend ". Mais non, et c’est la seule petite déception de ce concert que le groupe achève avec le sublime "Falling At Least". Un titre qui se caractérise au début par le chant touchant de Pierre-Vital Gérard et qui progresse en un morceau bruitiste idéal pour un final de concert.
Le public est plutôt conquis et une bonne partie s’en va acquérir le dernier album disponible sur le site du Village pour un prix défiant toute concurrence.

SANTA CRUZ

Retour place Courbion pour le concert de Yann Tiersen. Le plus célèbre régional de l’étape arrive avec un groupe pour une fois sans "guest" de renom. Pas de Christian Quermalet, de Neil Hannon ou de Dominique A, le Breton est donc obligé de prendre le micro, chose qu’il redoutait encore il y quelques années. Pourtant, il est très loin d’être ridicule lorsqu’il interprète "Bagatelle", "Les Bras de mer" ou encore "Monochrome". Avec son nouveau groupe, le concert de Tiersen prend une orientation beaucoup plus rock et bruitiste. Le jeu du guitariste qui alterne les solos et qui pratique la méthode de plus en plus utilisée de jouer avec un archet donne un aspect franchement différent des anciennes prestations de Tiersen. Néanmoins, on a encore heureusement droit aux habituels "Sur le fil" et "Le Quartier" qui font toujours autant fureur en live. Le Brestois interprète pas mal de morceaux de son dernier album "Les Retrouvailles", dont l’engagé "Plus d’hiver" qui laisse le public un peu pantois. Un bon concert qui malheureusement chute avec un énorme faux pas. Tiersen prévient l’assemblée qu’il va reprendre un morceau d’Elliott Smith. Je me dis chouette, ça va être intéressant. Mais c’est un véritable massacre, le quintet saccage le "Waltz # 2" de Smith, et j’en viens même à me dire qu’heureusement que l’Américain s’est suicidé avant d’entendre ça.

YANN TIERSEN

Malgré un bon rappel, le public reste sur sa faim. Il scande le nom du Breton en vain. Un public encore plus déçu lorsqu’il apprendra que la rumeur était fondée et que, contrairement à ce qui était prévu, il n’y aura pas de concert de Morcheeba ce soir.

Vincent Le Doeuff

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