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Mathieu Persan – Interview


Auteur d’un premier album autoproduit remarquable, Mathieu Persan a accepté de nous livrer les clés de son univers musical. La pop baroque de Neil Hannon flirte avec le cabaret berlinois de Kurt Weill, l’ironie mordante repousse les peurs de l’enfance. Tim Burton n’est pas loin non plus… Explications en 15 chansons.

Introduction
J’aime assez l’idée de faire connaissance avec l’auditeur, de l’inviter dans mon monde et, en retour, qu’il me fasse entrer dans le sien. Je trouve cette réciprocité intéressante. Musicalement, c’est une petite « entrée en fanfare ». Le but était aussi de faire entrer l’auditeur le plus rapidement possible dans une ambiance un peu spéciale en le prenant à partie de manière à ce qu’il puisse s’approprier le disque.

There’s A Common Thought
Cette chanson un peu énigmatique parle en fait du travail. J’ai une vision du travail qui tranche un peu avec tout ce que l’on peut entendre à ce sujet en ce moment : « travailler plus pour gagner plus » etc. J’ai néanmoins voulu que les paroles restent assez floues pour que l’auditeur soit libre de les interpréter comme il veut. La fin est assez violente ; il est question d’une prostituée qui invite son client à la suivre pour l’aider à payer son loyer. C’est histoire de relativiser un propos qui pourrait apparaître un peu déplacé étant donné que j’ai un travail et que même s’il ne me permet pas de faire autant de musique que je souhaiterais, il me permet toutefois de vivre correctement, ce qui est loin d’être le cas de tout le monde. Cette chanson annonce finalement bien ce qui sera la suite du disque. Sous des aspects très personnels voire introspectifs, je le voulais aussi tourné vers l’extérieur.

You Vs You
Ce titre figurait en 2002 sur la compilation de Records Maker. A l’origine, il était très orchestré, voire grandiloquent. Après pas mal de tergiversations, j’ai fini par proposer au label une version épurée guitare/voix qui l’a gardée pour la compilation. Ça a été mon premier enregistrement en studio (celui de Air) et aussi une expérience enrichissante. Avant de chanter avec ma « vraie voix », j’utilisais le chant comme une sorte de catharsis : quand je chantais tout seul dans ma chambre, je devenais un autre personnage ; beaucoup plus sûr de moi, séduisant et regardant le monde d’en haut et plus d’en bas. C’est cette expérience qui m’a permis de composer des chansons que je trouve plus honnêtes.

Empathy
La chanson parle d’un homme qui ressent les joies et les peines des autres. C’est une éponge des sentiments, ce qui le rend fou. Il en vient à ne plus pouvoir sortir de chez lui. Le début du morceau à la guitare acoustique et à l’harmonica tranche un peu avec la tonalité du début du disque. Mais très vite je complexifie la mélodie de base. Je suis un scientifique et l’harmonie est pour moi le moyen d’arriver à mon but en prenant des chemins détournés. La ligne droite ne m’intéresse pas ; j’ai tendance à préférer les jolies courbes… J’aime beaucoup que la musique et les paroles soient liées et interagissent entre elles. Par exemple, à la fin du morceau, l’envolée de violons, qui peut paraître gratuite de prime abord, a un véritable sens.

Don’t You Hear The Bells ?
Là, j’ai voulu tourner en dérision la surenchère de l’orchestration. C’est une chanson prétentieuse (allons-y) et la musique sert à en montrer l’ironie profonde. Au-delà, ce genre de morceau prouve qu’une composition c’est du travail, de la recherche, des tentatives. Par exemple, même si l’harmonie du couplet est très simple, il y a des tas de façons de faire les arrangements. Je suis constamment confronté à la difficulté de faire des choix, de dégraisser la musique, ce qui est d’autant plus difficile que je suis tout seul.

Atheistic Prayer
C’est une chanson drôle, légère, faite pour détendre l’atmosphère. Elle a une vraie fonction au sein de l’album avec ses cloches qui rappellent le morceau précédent. A l’origine, c’était une berceuse que j’avais composée pour mes petits neveux en réaction contre toutes les chansons un peu niaiseuses qu’on fait écouter aux enfants. J’avais envie de prouver qu’on peut leur faire écouter de la vraie musique. Je trouve qu’il y a plein de berceuses en puissance dans les chansons douces des Beatles ou du Velvet par exemple. Au-delà du côté « berceuse », ce sont des chansons très ludiques avec des petits instruments qui « brillent » et tintent de partout. « Stephanie Says » du Velvet devrait être un véritable tube dans les cours de récré !

Interlude
Comme son nom l’indique, ce titre instrumental marque une transition. J’ai trouvé la mélodie dans le métro en allant travailler. C’est la seule et unique fois que cela m’est arrivé. J’ai harmonisé autour de la mélodie en rentrant chez moi. J’avais l’idée de faire une composition pour orchestre. Elle a un aspect conclusif, à partir de là, le disque bascule dans quelque chose de plus sombre et de plus personnel.

I Have A Dream Girl In My Head
C’est une chanson assez personnelle, peut être un peu basique au niveau du thème abordé, mais je l’assume. Certains pensent que les Français qui chantent en anglais le font parce qu’ils n’ont rien à dire. J’essaye autant que possible d’écrire des paroles intéressantes où tout le monde peut se retrouver. Je l’ai composée il y a 5 ans et même si elle a subi un lifting assez radical sur le refrain, elle reste une chanson sincère qui parle de mes vieux démons.

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