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Brian Eno – Another Day on Earth

BRIAN ENO – Another Day On Earth
(Ryko / Naïve) [site] – acheter ce disque

BRIAN ENO - Another Day On EarthEté 2005, tout le monde s’est empressé de souligner que "Professor Eno" est revenu, après 28 ans, sur le terrain de la chanson et retrouvait les voix humaines, longtemps négligées en faveur de l’ambient. Dans une carrière si longue et si riche en amis et déguisements, l’événement est de taille et les détails méritent plus d’attention. La science du chant ne s’oublie pas si vite et ne ressurgit pas d’un seul coup. Si on réécoute son dernier opus sorti en France il y a quatre ans (une collaboration avec Peter Schwalm : "Drawn from Life"), on se rend compte que le mouvement y était déjà discrètement amorcé. C’est pourquoi sur "Another Day On Earth" on voit s’épanouir – à travers une forêt de filtres et d’effets – des présences qu’on trouvait sur "Drawn From Life" à l’état d’esquisses fascinantes : on y rencontrait aussi, parmi d’autres, une Laurie Anderson finement déconstruite et distordue. D’un certain point de vue, la collaboration avec Peter Schwalm était plus riche, parce que plus ambiguë : les chants se fondaient en frémissements électroniques, et les sons de synthèse se mettaient à ressembler à des voix. C’était une chimère magnifique qui est certes passée quasiment inaperçue. Le nouvel album sort de l’ambiguïté, garde les deux composantes mais choisit de mieux séparer les rôles. Pourtant, les mêmes rythmes reviennent, hypnotiques et pulsants, d’autres voix semblent répondre à Laurie Anderson, dont celle du Professor lui-même. Çà et là, des constructions chorales s’élèvent comme des arches dans un paysage digital doucement vallonné. On aimerait d’ailleurs découvrir plus souvent des hymnes rayonnants comme "This" ou des comptines rafraîchissantes comme "How Many Worlds", mais visiblement Eno privilégie encore l’introspection et la méditation sur la plupart des morceaux. Alors qu’il redécouvre le paysage par les fenêtres de son laboratoire, le scientifique ne se décide que difficilement à renoncer aux instruments et aux chiffres, même quand il devient ironique ("Bottomliners"): le song-writing l’appelle dehors, mais les boutons du synthé brillent aussi de tous leurs feux. La nouvelle formule musicale – cette recherche sur les voix et un "song-writing" plus spontané – est intrigante et riche, mais l’équilibre des composants ne semble pas encore tout à fait au point. Pas de panique, "Professor Eno" travaille toujours au dosage et il nous tient au courant : nous aurons sans doute d’autres échantillons de chansons pour bientôt.
"Great lands of numbers, all bright and shiny/
all through the ether, some huge some tiny /
All through the ether, from France to China /
unite the people, all bottomliners"

Gabriel Marian

This
And Then So Clear
A Long Way Down
Going Unconscious
Caught Between
Passing Over
How Many Worlds
Bottomliners
Just another Day
Under
Bonebomb

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