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Depeche Mode – Playing the Angel

DEPECHE MODE – Playing The Angel
(Mute / EMI) [site] – acheter ce disque

DEPECHE MODE - Playing The AngelIl faut bien l’avouer, je n’attendais personnellement plus grand chose du Depeche Mode cuvée 2005 après le décevant et vraiment light "Exciter" en 2001, torpillé, le croyais-je, par le lifting sonore raté du gourou hype Mark Bell. Aujourd’hui, quatre ans après le naufrage, et aidé d’un nouveau producteur, Ben Hillier, paradoxalement plus connu pour son travail d’éclairagiste pop (Blur, Doves, Tom McRae), le groupe revient avec un nouvel album, plutôt bon, plutôt plus intense et sombre que son prédécesseur, se permettant même de nous renvoyer aux riches heures du groupe circa "Violator" ou "Songs of Faith And Devotion", et surtout bien mis en valeur par le nouveau slogan plutôt explicite du groupe : "Pain And Suffering in Various Tempos". La grande nouveauté de ce disque, c’est l’implication nouvelle du chanteur Dave Gahan qui signe, ici, pour la toute première fois de l’histoire du groupe, trois compositions qui ne déparent absolument pas le reste du disque (dont "Suffer Well" – futur tube probable avec son petit air d’"Enjoy The Silence" – et le froid mais non moins touchant "Nothing’s Impossible" en digne successeur électro-cold-wave de "Black Celebration"). L’autre grande nouveauté : ce sont les guitares qui se font bien plus discrètes qu’à l’accoutumé, discrètes certes mais surtout plus subtiles, nous offrant un album plus organique, plus ramassé, plus sensuel aussi ; l’utilisation de vieux matériels analogiques n’y étant pas pour rien non plus, en rendant le son un peu plus dur et surtout plus industriel que d’habitude (comme sur l’intro du morceau d’ouverture "A Pain That I’m Used To", sur l’habillage sonore de "The Sinner In Me", le blues-rock-industriel de "John The Revelator" ou le très "In Your Room" "Macro" et son refrain magnifique), en accentuant à fond le côté lyrique et en faisant sans cesse des clins d’œil à l’époque bénie, martiale et tubesque de "Some Great Reward/Black Celebration" (il n’y a bien que l’élégant "Precious", premier simple lumineux de l’album, a avoir été mixé dans la tonalité légère et précieuse d’"Exciter" qui fait un peu ici figure d’ovni). Ce qui avait fatalement plombé "Exciter", c’était bien le manque terrible d’unité et de force dans les différentes compositions. Là, avec ce nouveau disque, on a un quasi sans-faute, on est quasiment sans temps mort. Des morceaux mémorables succédant à d’autres morceaux mémorables, des ritournelles mortelles se plaçant avant et après d’autres ritournelles mortelles. Ça n’arrête pas. On n’en sort plus. C’est à la fois de la pop avec un grand P (les huit premiers titres s’enchaînant comme autant de petites bombes soniques) et de l’expérimentation avec un grand E comme peu d’artistes modernes peuvent encore nous le faire voir (il y a, en fait, deux titres plus faibles que les autres sur cet album dont l’un est un instrumental de 1’30 » et l’autre, c’est le simple "Precious", c’est dire !). Le vrai problème de ce disque pour le groupe et le staff va être de choisir les singles à sortir après "Precious". Pas parce qu’il n’y en a pas mais parce qu’il n’y a que ça sur ce disque. On peut même dire que la collaboration des deux têtes pensantes du groupe aura eu plus que du bon sur cet album, puisqu’ils nous servent sur un plateau : 1. les meilleures chansons du groupe depuis belle lurette (l’hymne "Lilian" – où l’entrelacement des voix de Martin et de Dave n’a jamais été aussi brillant -, le gothique flamboyant de "Suffer Well", le lyrisme désespéré de "Macro", le lancinant gospel de "John The Revelator" etc. – on pourrait presque toutes les citer) 2. le meilleur album du groupe depuis le classique des classiques "Violator" en 1990.

Sylvain Courtoux

A Pain That I’m Used To
John The Revelator
Suffer Well
The Sinner In Me
Precious
Macro
I Want It All
Nothing’s Impossible
Introspectre
Damaged People
Lilian
The Darkest Star

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