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Stephen Fretwell – Magpie

STEPHEN FRETWELL – Magpie
(Polydor) [site] – acheter ce disque

STEPHEN FRETWELL - MagpieEvidemment, c’est facile. Pour peu que vous ayez sous la main un jeune songwriter un tant soit peu talentueux, qui s’accompagne à la guitare qui plus est, les comparaisons vont bon train. Et parmi elles, la tentation de le comparer avec Bob Dylan est un poncif du genre. Assez redoutable. Avec Stephen Fretwell pourtant, on a bien envie de mettre les deux pieds dans le plat en y sautant allégrement, tant le rapprochement, en l’occurence semble inévitable. Ce tout jeune homme de 23 ans seulement (un peu comme Dylan il y a quarante et un ans finalement) pourra même se targuer d’avoir les talents nécessaires pour séduire les fans du Zim sans effrayer ses détracteurs (qui, par chance, n’ont pas idée de leur malheur). Car si Fretwell épouse sans complexe les tics lyriques de cette idole probable, imitant légèrement, et sans le vouloir sans doute, ses intonations, ou plus ponctuellement quelques écarts caractéristiques (le rire échappé sur "Rose"), on ne lui reprochera pas d’avoir une voix insupportable. La sienne est dense, presque suave, puissante (jusqu’ici…), sans être nasillarde (bon…), mais grave. Cette prestigieuse filiation se poursuit également dans la façon dont les morceaux sont construits. Pour preuve, le magnifique deuxième titre "What’s That You Say Little Girl", qui, en faisant de la répétition une arme fatale, illumine l’album entier de sa mélodie lancinante, réveillant les souvenirs stoniens de "Backstreet Girl". On n’en voudra pas aux autres chansons de ne pas avoir le même élan puisqu’elles restent malgré tout d’excellentes compositions, mêlées de cette mélancolie vaporeuse et persistante propre aux perdants magnifiques. Car le jeune Stephen, issu d’une bourgade glauque perdue dans la campagne anglaise, en a bavé, j’avoue ; guitare, piano et harmonica (qu’il ressort aussi à l’occasion) sont devenus ses indispensables compagnons d’armes pour bâtir des chansons marquées par les thèmes de la fuite, de l’abandon et de la perte (à soi-même entre autres). On se plonge dans son disque comme dans un dimanche après-midi pluvieux : si les abords ne paraissent pas réjouissants, on ne peut lutter bien longtemps avant d’être pénétré par cette ambiance tristement agréable, dont on ne veut finalement plus sortir. Et puis, le disque a beau se clore comme il s’ouvre, sur des notes de piano lentes et tristes, l’ombre familière de l’auteur de "Bringing it All Back Home", dont la pochette a peut-être aussi influencé celle de "Magpie", les perles folk que sont la plupart des chansons ("Run", "Emily" et la dylanienne en diable "Brother" notamment), le simple plaisir d’écouter là l’oeuvre d’un grand songwriter suffisent largement à ne pas sombrer dans la morosité qui nourrit l’album. Surtout, ne branche pas la guitare, petit !

Jean-Charles Dufeu

Do you Want to Come With?
What’s that you Say Little Girl
Run
Bad Bad You, Bad Bad Me
Rose
Lost Without You
Emily
Lines
Play
Brother
New York

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