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The Montgolfier Brothers – All My Bad Thoughts

THE MONTGOLFIER BROTHERS – All My Bad Thoughts
(Vespertine and Son) [site] – acheter ce disque

THE MONTGOLFIER BROTHERS - All My Bad ThoughtsDamned ! Troisième fois que je me fais avoir par un album des frères Montgolfier : les premières écoutes sont toujours anodines, on se dit que cette fois-ci n’est pas la bonne, et puis les volutes répétitives vous happent malgré vous. Au détour d’une écoute distraite, soudain la magie est là, dans ces boucles de piano et de guitare d’une simplicité et d’une lenteur magnifiques – cette simplicité même qui faisait la discrétion de "Seventeen Stars" et de "The World Is Flat", et qui explique sans doute à la fois la confidentialité du groupe et l’adoration qu’ils suscitent. Si vous faites déjà partie de la secte, ou que vous avez apprécié la voix profonde et grave de Roger Quigley au sein de At Swim Two Birds, vous n’êtes donc pas obligé d’hésiter avant de vous ruer sur le disque. Pour les futurs membres, je pourrais m’éterniser sur les qualités d’arrangeur du comparse Mark Tranmer ; je pourrais vanter le côté éthéré du groupe – jusque dans leur nom – ou encore saluer l’album comme un grand disque d’automne, et y trouver des affinités chez Lambchop ou Spain. Mais on risquerait d’y voir un disque dépressif de plus.
Or, la nouveauté, chez les Montgolfier, c’est une noire ironie, distillée au compte-gouttes : dès le titre, on se doute que "All My Bad Thoughts" recèle une part de second degré qui allège la narration d’une pesanteur morbide. Quand, en fin d’album et sur plus de huit minutes, Roger ressasse "it’s over, it’s ended, it’s finished, it’s over", on pense à Bonnie Prince Billy et à son "Death To Everyone" sur "I See A Darkness", une sorte de politesse suprême du désespoir qui rirait doucement d’elle-même. A la manière des vieux bluesmen obstinés, que l’approche de la fin ne semble pas inquiéter, les Montgolfier Brothers mêlent tragique et légèreté avec brio et obstination : si "Quite An Adventure" n’est pas un hommage à R.L. Burnside, cela y ressemble beaucoup (et si ça n’en est pas un, profitons-en ici pour saluer la mémoire du bluesman, dont la disparition fin 2004 n’a pas eu les échos que le bonhomme méritait). Dave Campion, compagnon de route et de beuverie de Roger, y raconte, d’une voix qui sent le vécu, ses mésaventures mancuniennes dans les années 50 ; on jurerait entendre Burnside sur "R.L’s Story" ("Wish I Was In Heaven Sitting Down"), même timbre rauque, même douce nostalgie, même sens de la narration parlée. Entre Memphis et Manchester point de frontières – au contraire une commune quête de liberté pour échapper à une gravité omniprésente. Les frères Montgolfier n’ont jamais aussi bien porté leur nom.

David Dufeu

The First Rumours of Spring
Don’t Get Upset If I…
All My Bad Thoughts
Sins and Omissions
Stopping for Breath
Koffee Pot
Brecht’s Lost Waltz
Quite an Adventure
Journey’s End
It’s Over, It’s Ended, It’s Finished, It’s Done
 

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