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Okkervil River – The Stage Names

OKKERVIL RIVER – The Stage Names
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OKKERVIL RIVER - The Stage NamesOn m’avait prévenu que ce nouvel album démarrait très pop. On m’avait même dit que certaines chansons passeraient à la radio (peut-être pas sur Skyrock malgré tout). On m’avait dit en substance : "tu verras, c’est différent mais c’est vraiment bien". Et le pire c’est qu’on m’avait dit vrai. "The Stage Names" n’est pas tout à fait dans la continuité de "Black Sheep Boy" (pouvant lui-même être perçu comme une synthèse sublimant les précédents albums). Ce dernier éclat d’Okkervil River ne va donc pas plus loin. Il ne repousse pas les limites du folk-punk mélancolique et explosif du précédent, et ce pour une raison fort simple, c’est qu’il n’était pas possible de faire mieux dans la même voie. La bande menée par Will Sheff a donc raisonnablement choisi d’en prendre une autre, plus aérée, plus vive, plus légère. En apparence en tout cas. Les premières écoutes nourrissent cette impression ; les chansons ne fonctionnent plus comme celles d’antan sur le schéma d’un crescendo assez systématique, mais l’alternance bien claire entre couplets et refrains enlevés ouvre une ère nouvelle, moins viscérale, plus maîtrisée, moins débridée, plus mélodique, moins désespérée, plus optimiste. Le ryhtme est plus vif, les mélodies plus entraînantes, le tout largement plus avenant et abordable. En apparence en tout cas. Si les paroles n’ont plus la même violence morbide, tendance très claire des précédents disques, la mélancolie latente des titres d’entrée se mue rapidement en une forme de tristesse largement assumée, jusqu’au magnifique flamboiement final en forme de reprise des Beach Boys, difficile à surmonter une fin de dimanche après-midi. Là où la musique d’Okkervil River se caractérisait souvent par une forme de violence éructante, à la fois séduisante et revêche, elle préfère dans ce nouvel album se lover dans un doux cocon à l’énergie caressante, quitte à s’exposer à de légers passages à vide. En apparence en tout cas. Car dans le fond, le groupe n’a rien perdu de son mordant, de sa capacité à aller trifouiller dans les entrailles des oreilles perdues à écouter leurs disques. Et celui-ci remplit sa mission de façon bien plus pernicieuse, en louvoyant derrière un semblant de douceur sucrée, accordant notamment une place de choix aux cuivres, aux clappements de mains, avant d’assommer son auditoire par des chansons profondes et poignantes sans en avoir l’air. Un mot d’ordre donc : méfions-nous de ces apparences. Elles pourraient nous empêcher de bien saisir la portée de l’un des moments incontournables de cette rentrée musicale.

Jc Dufeu

A lire aussi : l’interview et la chronique de "Black Sheep Boy Appendix".

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