RACHEL UNTHANK & THE WINTERSET – The Bairns
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Rachel Unthank & The Winterset n’est pas un quatuor qui arrive de nulle part, car leur premier disque, sorti en 2005, avait été considéré à l’époque comme le meilleur disque folk par le magazine Mojo. Et donc les revoilà, ces quatre jeunes filles originaires de Northumbria en Angleterre, avec "The Bairns", qui nous arrive cette année mais est sorti en 2007 outre-Manche. Ne faisant pas les choses à moitié, elles ont décroché des nominations aux BBC Folk Awards et au Mercury Music Prize : autrement dit, on peut s’attendre à un disque de belle facture.
Le terme folk apparaît d’emblée quelque peu réducteur à l’écoute du premier morceau, "Felton Lonnin". Plutôt long (plus de sept minutes), il est très axé sur l’ambiance, sur les arrangements et à ce titre remplit sa fonction à merveille : le simple piano et les cordes (violon et violoncelle) instaurent une atmosphère menaçante, faisant se rapprocher l’univers du folk traditionnel avec la noirceur rythmique du trip-hop, agrémenté du chant vibrant des soeurs Unthank. Le quatuor aime aussi à reprendre les chansons traditionnelles, et se les réapproprie avec brio, y puisant autant de sources de surprise pour l’auditeur : l’univers du groupe s’élargit vite, allant puiser dans la musique classique, le jazz ou encore la musique de cabaret. Sur fond de piano, Becky Unthank est capable de déclamer une chanson sur l’ivresse avec une conviction remarquable, sur "Blue Breezing Blind Drunk" ("I’ll come rolling home, drunk in the morning") puis enchaîne sans souci sur l’oppressant "I Wish", chanson traditionnelle portée par les harmonies vocales et un accompagnement musical qui menace d’exploser à tout moment… sans jamais le faire. Heureusement, il y a des respirations dans le disque, avec les intermèdes "Lull", "Blue’s Gaen Oot O’ the Fashion" (encore un morceau traditionnel) qui ressemble à une comptine pour enfants avec ses harmonies vocales, "Blackbird" ou encore "Ma Bonny Lad". Et c’est tant mieux, parce que sans cela, peut-être le disque serait-il un peu difficile à écouter d’une traite. L’écriture n’est pas à remettre en cause, bien au contraire : c’en est presque trop parfait, si bien arrangé et produit qu’on a quasiment l’impression que les morceaux sont sans aspérités. Bien sûr, c’est une sensation trompeuse, mais il faut accepter de se plonger dans ces longs morceaux (presque tous au delà des six minutes) pour y dégager des moments de pure grâce, comme sur "Sea Song" (reprise de Robert Wyatt), transcendée par une fin en apesanteur, ou sur "My Donald" et son passage instrumental, où le piano et le violon se répondent en un mélange de classique et de musique traditionnelle absolument bluffant et magnifique. Si vous êtes prêts à vous lancer dans l’écoute de brillantes chansons tout en longueur et en beauté, vous trouverez dans "The Bairns" un magnifique recueil : ceux qui ne se sentent pas d’attaque passeront à côté d’un bien joli disque, mais qui n’est certainement pas facile à apprécier.
Mickaël Choisi
Felton Lonnin
Lull I
Blue Bleezing Blind Drunk
I Wish
Blue’s Gaen Oot O’ The Fashion
Lull II : My Lad’s a Canny Lad
Blackbird
Lull III : A Minor Place
Sea Song
Whitethorn
Lull IV: Can’t Stop it Raining
My Donald
Ma Bonny Lad
Fareweel Regality
Newcastle Lullaby