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Disques

Ursula Bogner – Recordings 1969-1988

URSULA BOGNER – Recordings 1969-1988
(Faitiche) – acheter ce disque

URSULA BOGNER - Recordings 1969-1988L’histoire de ce disque est totalement incroyable, lisez plutôt.
De retour de Vilnius après une tournée des clubs nord-européens, le musicien allemand Jan Jelinek (grand manitou minimal techno) commence à papoter avec son voisin dans l’avion qui le ramène en Allemagne.
Le voisin en question, un certain Sebastian Bogner, n’est pas du genre à faire danser la faune noctambule lituanienne à coups de glitches puisqu’il revient d’un colloque pour le compte du laboratoire pharmaceutique qui l’emploie. Au cours de leur bavardage il lui apprend qu’Ursula, sa regrettée maman, elle aussi pharmacienne, faisait en loisir de la musique électronique mais qu’elle n’avait jamais osé faire écouter ses compositions à qui que ce soit.
Quelque temps après cette improbable conversation Jan Jelinek reçoit une copie d’enregistrements composés entre 1969 et 1988 par cette mystérieuse Ursula Bogner. Et là c’est une telle révélation qu’il fonde un label pour éditer tout ça !
Et franchement c’est mérité, car ici point de sympathiques compositions d’outsider music dont l’intérêt tient souvent autant (voire plus ?) aux personnages farfelus qui en sont à l’origine qu’à leur contenu. Non, on touche au plus sublime de l’early-eclecronic music, celle de Raymond Scott ou Delia Derbyshire, rien que ça !
C’est tellement bon que l’on a du mal à le croire. Avec une vie de famille qu’on imagine bien remplie, les colloques pharmaceutiques autour du monde et autres obligations bourgeoises, elle a composé dans le studio qu’elle s’était aménagé dans son pavillon de Berlin une musique intemporelle d’une fraîcheur et d’une pertinence redoutables qui n’aurait pas dépareillé dans une anthologie du BBC Radiophonic Workshop.

La musique est résolument minimale mais les quinze morceaux qui nous sont présentés ici offrent une palette sonore étonnamment contrastée grâce à un art évident de la composition et à un dosage entre rythmes synthétiques, glissendi et autres boucles analogiques frisant la perfection (elle n’était pas pharmacienne pour rien !).
Mais le plus beau, c’est qu’en plus de son amour pour la musique concrète et expérimentale elle partageait aussi l’enthousiasme de ses enfants pour la pop et la new-wave. Un enthousiasme qui influence ses travaux qui se parent alors d’atours techno-pop du plus bel effet, à tel point que les morceaux "2 Ton" et "Punkte" avec leurs sons tranchants et leur mélodie imparable sont, dans le genre, d’immenses chefs-d’oeuvre, amateurs de Monoton du grand Konrad Becker, ruez-vous sur ce disque !
Pour finir de brosser le portrait du personnage, précisons que la musique n’était pas le seul hobby d’Ursula Bogner, puisqu’elle s’adonnait aussi à la peinture – la pochette est illustrée par un de ses dessins – et était férue des travaux de Wilhelm Reich, fumeux psychanalytique défenseur de l’émancipation sexuelle et inventeur de l’accumulateur à orgone qui a inspiré le morceau "Pulsation".
On l’aura compris Ursula Bogner était quelqu’un de totalement atypique et Jan Jelinek nous l’a déjà promis, on n’a encore rien entendu !

Tiens, un énorme doute m’envahit : et si cette histoire de pharmacienne composant en secret une musique électronique totalement géniale n’était qu’un magnifique canular ?

Cyril Lacaud

Begleitung für Tuba (1982)
Inversion (1978)
Proto (1980)
Metazoon (1979)
Momentaufnahme (1977)
2 Ton (1984)
Speichen (1979)
Modes (1985)
Atmosphäre 1 (1977)
Punkte (1984)
Expansion (1979)
Für Ulrich (1980)
Pulsation (1969)
Testlauf (1975)
Soloresonanzen (1988)

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