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La Route du Rock – Collection été 2009 : My Bloody Valentine, Deerhunter, Bill Callahan, Tortoise, Dominique A, Grizzly Bear, Andrew Bird, Camera Obscura

LA ROUTE DU ROCK – Collection été 2009 : My Bloody Valentine, Deerhunter, Bill Callahan, Tortoise, Dominique A, Grizzly Bear, Andrew Bird, Camera Obscura

Le temps sec et ensoleillé, auquel la Route du rock ne nous avait plus habitués depuis des années, fut la principale (unique ?) surprise de cette édition 2009. Musicalement, la programmation plutôt alléchante sur le papier aura dans l’ensemble tenu ses promesses, même s’il aura sans doute manqué LE concert fédérateur qui met tout le monde d’accord (comme Bowerbirds et surtout Sigur Rós l’année dernière). Côté fréquentation, on note une baisse de 10 % par rapport à l’année dernière, avec un peu plus de 15 000 entrées sur les trois soirs. Mais malgré un passif cumulé de 100 000 euros, les organisateurs assurent qu’il y aura bien une édition 2010. Enfin, saluons l’excellente playlist des Magnetic Friends qui, derrière leurs platines, faisaient patienter le public pendant les changements de plateau. Ils ont offert un mix éclectique, entre pop, rock, house, techno et rap, avec une prédilection pour les groupes indie du début des années 90. Et pas forcément les plus connus, puisqu’ils auront par exemple déterré l’excellent et à peu près oublié « Sunshine Smile » d’Adorable. Respect.

Vendredi 14

Fort de Saint-Père

(VA) Déjà vus il y a quelques mois au festival Primavera, les Crystal Stilts ouvrent la première soirée au fort de Saint-Père, et nous laissent à peu près la même impression. Celle, pas désagréable au demeurant, d’écouter une vieille compilation du label Creation, entre noisy-pop sous perfusion Velvet et garage psyché 60’s. Les cinq musiciens de Brooklyn ont la gueule de l’emploi, notamment Brad Hargett, chanteur approximatif et guère audible qui bouge à peine et ressemble à Alan McGee à l’époque de son groupe Biff Bang Pow! (ou à Dylan circa 66, ce qui revient à peu près au même). Pas franchement fondamental, mais des gens qui se disent fans de The Clean et du label Flying Nun méritent néanmoins toute notre sympathie.

(VLD) Les programmateurs ne pouvaient guère trouver de meilleur groupe que Deerhunter pour précéder les envolées électriques de My Bloody Valentine. Adeptes d’ un shoegazing plus moderne, les Américains viennent donc se faire pardonner leur défection à l’édition d’hiver. Le chanteur, Bradford Cox, nageant dans ses vêtements taille S, amorce le set avec rage et distance. Sa voix éthérée s’ extirpe légèrement du duel de guitares noisy de Pundt et Fauver. Le résultat est à la fois catchy et fluide. Tout n’ est pas absolument convaincant mais des titres comme « Nothing Never Happened » ou « Never Stops » tiennent toutes leurs promesses.

Deerhunter, POPnews

(VA) Groupe extrêmement influent et respecté dans les années 90, Tortoise était un peu tombé dans l’oubli depuis, leur post-rock instrumental n’étant plus tellement dans l’air du temps. Leur nouvel album, « Beacons of Ancestorship », n’a pas suscité le même enthousiasme et les mêmes dithyrambes que « Millions Now Living… » ou « TNT » à l’époque. Mais la formation de Chicago reste trop à part pour paraître dépassée. Si une scène en plein air n’est sans doute pas le cadre le plus adapté à leur son, leur concert s’avérera l’un des plus riches musicalement de cette Route du rock. Certes, on décroche de temps en temps, perdus dans leurs incessants changements de tempos et d’instruments (la plupart des musiciens jouent un peu de tout, il y a souvent deux batteries en même temps et parfois même deux vibraphones), mais on ne s’ennuie jamais vraiment, même si le sentiment que tout cela est un peu vain nous effleure parfois. La fin du concert est assez représentative de la petite heure qui a précédé : les membres du groupe s’avancent l’un après l’autre en tapant un rythme dans les mains pour faire participer le public… qui se retrouve bien incapable de reproduire les rythmes en question, pas assez binaires. On ne se refait pas.

Tortoise, POPnews

(CG) Difficile de ne pas en attendre beaucoup de la part d’un groupe aussi mythique que My Bloody Valentine. Notamment parce qu’il s’agit d’un groupe fondateur, mais surtout pour l’expérience sonore que doit offrir un groupe qui franchit régulièrement le mur du son. Est-ce en raison de ces attentes élevées que la déception est quasi généralisée ? Est-ce parce que, réfugiés derrière nos bouchons d’oreilles, nous avons loupé toute la subtilité des sons produits ? Techniquement, le jeu était irréprochable, à l’exception d’un léger problème d’amplis assez vite résolu : guitares saturées, distorsions, mélodies discrètes mais présentes. Les titres, eux aussi, étaient faits pour plaire : « Come in Alone », « I Only Said » et autres tubes de « Loveless » sont là pour nous rassasier. Les stroboscopes et les spots fuchsia, le fond visuel flou : tout devait contribuer à faire de ce concert une expérience totale et déconcertante. Et déconcertés, on l’est, mais pas par la qualité de la performance : plutôt par l’ennui profond qu’elle suscite. La faute au froid glacial qui semble régner sur scène, à l’inexpressivité totale des membres du groupe ? Est-ce que tout simplement la foi n’y est plus pour un groupe qui se nourrit de son passé ? Les dix minutes de brouillage sonore sur « You Made Me Realise » en fin de concert n’y feront rien. On est bien loin d’un bruitisme fascinant à la Sonic Youth, les Britanniques versant plutôt dans la simple nuisance sonore. Dommage. Les pionniers doivent peut-être céder la place à leur descendance, A Place to Bury Strangers. 

My Bloody Valentine, POPnews

(VA) Cependant passer A Place To Bury Strangers, un groupe qui se targue d’être le plus bruyant de New York, après My Bloody Valentine n’était sans doute pas une très bonne idée. Un peu comme si on nous forçait à prendre une choucroute garnie après nous avoir gavés de cassoulet… Assommé par les 80 minutes de déflagrations sonores et d’écrasements de pédales d’effets des Irlandais, on a suivi d’une oreille distraite le show stroboscopique des Américains, bénéficiant pourtant d’un son mieux équilibré et un poil moins assourdissant. Et de chansons honnêtes bien planquées sous le raffut, à la façon de The Jesus and Mary Chain… ou de My Bloody Valentine. A revoir dans un contexte plus favorable, donc.

A Place to Bury Strangers

(VLD) Après ces déluges bruitistes, on aurait bien voulu laisser un répit à nos oreilles torturées. Il ne fallait pas compter sur Snowman pour cela. Le combo de Perth avait remplacé pied au plancher leurs compatriotes de The Horrors et était arrivé pied sur le champignon au Fort à peine cinq minutes avant sa montée sur scène. Histoire de rester dans le ton, Snowman débute avec « The Gods of the Upper House » et sa guitare réglée légèrement moins fort que celle des MBV, mais qui grésille violemment. C’ est donc dans un état de profonde lassitude et de compassion bien légitime pour mes oreilles que je quitte le fort précipitamment.

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