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Northern Portrait – Criminal Art Lovers

NORTHERN PORTRAIT – Criminal Art Lovers
(Matinée Records) [site] acheter ce disque

NOTHERN PORTRAIT - Criminal Art LoversSi Platon, au lieu de chroniquer les dialogues de Socrate, avait été amateur de musique pop, nul doute qu’il aurait qualifié le premier disque de Northern Portrait d’album aporétique. "Criminal Art Lovers" s’adresse en effet à un public impossible : celui qui achèterait les disques du label Matinée Records mais qui n’aurait jamais entendu une seule chanson des Smiths ni la voix de Morrissey. Pourtant, à l’instar de toutes les équations insolubles, l’exercice de style de Northern Portrait apparait du coup comme un objet paradoxalement fascinant, et cette fascination (bien qu’involontaire) semble alors être la seule manière sensée d’appréhender ce disque.

Plus que la vieille question relative à la notion de pastiche (énervant et dénué d’intérêt pour les uns, preuve de talent ultime pour les autres), c’est celle de la propriété intellectuelle qui est ici mise en cause. Ce qui apparaissait comme un "style" unique, inventif et personnel chez des groupes du passé (les Beatles, les Smiths, les Field Mice, etc.) se transforme aujourd’hui en un "genre" à part entière duquel on s’empare et qu’on s’approprie, comme si les droits de reproduction en étaient tombés dans le domaine public. Cette réécriture de codes, copiés/collés à l’infini sans le moindre souci de les réinventer, place la conception même de la musique pop dans une nouvelle dimension, dans une forme étrange de post-modernité. Pourquoi le vénéré Moz serait-il le seul à pouvoir écrire l’histoire des Smiths ? Et pourquoi serait-il le seul autorisé à écrire des chansons des Smiths ? Force est de reconnaître que de nombreux jeunots courent aujourd’hui plus vite que lui dans la course à la perfect pop song de la Trademark Morrissey. A l’heure où l’on transfigure le mythe pourtant intouchable du Prisonnier (version 2.0) et où le Doctor Who continue, au fil des régénérations, à se réinventer selon les codes et les modes de la société contemporaine, "Criminal Art Lovers" de Northern Portrait participe donc lui aussi au débat éternel de l’identité créée à travers la culture pop. Le résultat est efficace : les guitares sonnent à merveille, la voix de Stefan Larsen s’envole juste comme il faut, et les dix chansons frôlent posément le sans faute. Les paroles, empreintes de maladie et de solitude, évoquent la petite folie ordinaire, à l’image de ce syndrome de Münchhausen qui ouvre le disque et auquel il pourrait finalement se résumer. Comme le vieux Baron, Northern Portrait use et abuse en effet des artifices pour nous jeter de la poudre aux yeux et attirer l’attention.

Christophe Patris

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The Münchhausen in Me
When Goodness Falls
Crazy
The Operation Worked But the Patient Died
Criminal Art Lovers
Life Returns to Normal
Murder Weapon
What Happens Next?
That’s When My Headaches Begin
New Favourite Moment

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