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Jens Lekman – Stockholm, Strand, 7/08/2010

JENS LEKMAN – Stockholm, Strand, 7/08/2010

C’est notre premier concert depuis notre installation en Suède et nous trouvons très bien pour commencer de voir un artiste suédois : Jens Lekman. Le lieu : Strand, situé dans le quartier jeune et branché de Södermalm. Strand est situé sur la rive du lac Mälaren, pas loin d’une plage où les Stockholmois se baignent. Ce qui en fait, un peu, le pendant suédois du Point Ephémère, la pollution et Philippe Dumez en moins (euh pas de blague hein, j’adore Philippe Dumez). C’est samedi soir, soir de fête, soir de beuverie. C’est aussi le jour où les System Bolaget, magasins d’Etat seuls autorisés à vendre de l’alcool à la population, ferment à 15h. Mais pas de beuverie ce soir car Jens Lekman, l’enfant prodige pop du pays est de retour après 2 ans d’exil à Melbourne, une grippe A et une tournée mondiale de longue haleine tendance never-ending tour. Strand est une belle salle, récente, bien équipée (on peut même y jouer gratuitement au ping pong et/ou poireauter dans des fauteuils neufs et confortables. Ça nous change !) et pouvant accueillir 800 personnes. Ce soir, le concert est complet et beaucoup de jeunes filles légèrement vêtues (en robe à pois ou à rayures, forcément) attendront longtemps dehors sous la pluie qu’une place se libère pour entrer.
Nous sommes sur place dès 19h le temps d’apprécier l’endroit et de se sécher de la pluie diluvienne qui frappe Stockholm. Pas vu ça depuis des mois en France mais ici, ça semble normal et les locaux vivent ça naturellement, soit très bien équipés (bottes, poncho), soit avec avec calme, sérénité et Converse trempées.
20h, The Blow entre en scène. Seule, armée d’un micro, d’une présence scénique incroyable et de l’expérience de multiples collaborations (Microphones, Yacht et plus ou moins tout K Records). J’ai loupé le début de son monologue qui entrecoupera tous ses titres mais le fil conducteur de l’histoire est sa rencontre avec une star ultra féminine de la chanson qui lui demande de lui écrire un disque, à elle qui est plutôt T-shirt ultra large sur leggings et mocassin brodés. Elle chausse donc des escarpins dorés du meilleur goût pour se mettre dans la peau et essaye de se trémousser comme une diva R’n B. Pour faire rapide on dirait "ce petit PD de Calvin Johnson" (comme le disait si bien le sympathique Kurt Cobain) dans la peau de Beyonce Knowles. Ça plairait à Luz ! A la fin, elle nous explique que le disque ne s’est finalement pas fait et qu’elle a peut-être un peu romancé toute cette affaire.
C’était très rigolo et nous avons passé un bon moment. A la fin, j’irai acheter son disque et elle me complimentera sur mon informe T-shirt Deerhoof que Greg Saunier a oublié chez nous l’année dernière et que j’aime beaucoup. Une très sympathique nana donc.

Jens Lekman se fait attendre un bon moment avant de monter sur scène. Le public est conquis d’avance bien sûr et nous aussi. Il débarque avec son no-look habituel (si peu indie suédois : chemisette à rayures et pantalon à pinces en toile) et son presque total girl band. D’ailleurs, le type s’occupant des machines semble être l’alter ego de Jens pour le look.
La bonne surprise pour nous ce soir est la présence sur scène de l’Écossais Bill Wells.
Nous connaissions l’intérêt que Jens portait à l’album "Gok" de Bill Wells et à Maher Shalal Hash Baz chez Geographic, qu’il considère être son disque préféré. Cet intérêt nous avait poussé à acheter cet excellent disque en bon fans de Jens Lekman et de Maher Shalal Hash Baz (d’ailleurs, il faudra un jour que quelqu’un à POPnews chronique les disques de ce divin japonais taré. Son dernier : "C’est la Dernière Chanson" a été complètement ignoré par la critique alors que c’est un disque magnifiquement barré). Bon, la présence de Bill Wells au piano ce soir est très limitée : il se borne à jouer les partoches de Jens sans digression mais voir sa bonne grosse bouille d’oncle Fester de la Famille Addams derrière le Roland nous ravit.
Tous les membres du groupe, Jens et Bill compris, portent autour du cou la petite clé en or vendue au stand de merchandising. Excellente idée marketing : ça va se vendre comme des kanelbullar dès la fin du show. D’autant plus qu’ils commencent avec le nouveau tube, "Golden Key", comme pour mieux enfoncer la clé (désolé…). Jens et son crew nous présentent donc le prochain album : "Golden Key" donc, "The End of The World is Bigger Than Love" et une chanson sur les pellicules capillaires. Ça promet !

Jens Lekman

Ce qui est bien avec un concert d’un artiste suédois en Suède, c’est l’ambiance et un public qui réagit à la moindre blague au doigt et à l’œil… en suédois ! Heureusement, Johanna a une bonne oreille et me traduit tout. Là encore, un fil conducteur : pourquoi Jens est parti de Suède pour s’installer à Melbourne  ? et la conversation qui s’en suit avec sa mère : "Mais si, les avocats, le soleil…". Il est ravi de retrouver son public qui le lui rend bien et chante sur presque toutes les chansons. Un peu mieux qu’en France (les cours de musique doivent être meilleurs) mais surtout sans honte ni fausse pudeur. Tout cela est fait à pleins poumons. C’est très agréable d’entendre "Black Cab", "A Sweet Summernight in Harmmerhill" (et ses boom boom, boom pris à "Walter Johnson" de Jonathan Richman) portés par une foule en délire. Il va même faire chanter "Pocket Full of Money" et son "I Come Running with a Heart on Fire" (encore une fois merci Calvin Johnson) à la foule pendant toute la chanson. Je me souviens comme cela avait été laborieux au Nouveau Casino de Paris il y a presque 2 ans (cela a été nettement mieux cette année, NdlR). Pfffui ! C’est génial. Ces chansons sont idéales pour faire venir le sourire aux lèvres mais on a plutôt l’habitude de faire ça dans la salle de bain, en voiture ou en duo, rarement avec 800 personnes ! Comme si on était seuls avec Jens, mais tous ensemble. Bien sûr, il y a les cuivres un peu moches (tendance le meilleur des années 80, "Two Young Lovers" de Dire Straits voire le solo de saxo à la Supertramp) mais si bien tenus par la section de Göteborg tout en robes 50ies, les titres un peu faibles des derniers albums mais bon, c’est un grand moment de tristesse joyeuse à la The Smiths. D’ailleurs, Jens ne peut pas quitter la scène. Il ironisera d’un "When the music never ends" et nous gratifiera de 4 rappels dont "Maples Leaves" en suédois. Bien sûr, on ne comprend rien et on se demande vraiment ce que vaut la chanson sans les blagues, jeux de mots et name dropping sur The Fall, Mark E Smith etc. Il y aura aussi "Shirin" en cœur avec le public (d’ailleurs Jens se plante pendant cette chanson et laisse élégamment le public le remettre sur le chemin de ses paroles) et bien sûr "Tram Number 7" qui nous est particulièrement chère. En effet, l’été dernier, nous sommes allés à Göteborg pour profiter de la ville mais aussi pour aller voir Jens Lekman. Nous avions son adresse supposée, lue sur un mini cd live collector et avons cherché Kortedala… en suivant le tram n°7 (Nous n’avions ni plan ni GPS, ni iPhone, ni rien. Old School). L’adresse était la bonne puisque après quelques errances entre les tours de la banlieue lointaine de Göteborg, nous avons lu son nom sur une sonnette. Après avoir hésité (pas trop longtemps) nous avons bippé.. sans réponse. Nous avons alors crié quelques "Shiriiiin, Shiriiin, Shiriiin, Shiriiin, yeaaah !" en repartant vers la voiture dans l’espoir de trouver la belle coiffeuse de Jens dans son Beauty Center secret mais que pouic. Nous en gardons de bons souvenirs et une photo de mauvaise qualité sur un portable.

Jens Lekman

Le concert se termine au bout de 1h30 et Jens nous dit que cette fois c’est bien terminé et qu’on va tous aller danser maintenant : Popaganda (qui va organiser le grand festival de fin août à Stockholm avec The Magic Numbers, Belle & Sebastian, Hot Chip…) va tenir les platines avec du R’n B Motown du meilleur goût. Idéal pour faire tourner les jupes à pois des filles et les mèches des jeunes hommes métrosexuels. Il est temps pour les vieux cons comme nous de retourner sous la pluie direction le métro et de manger quelques œufs / Heinz beans à la maison, au sec.

Guillaume Delcourt

Set List :
Golden Key
Opposite
Argument
End of the…
Dandaff
Kiss
Your arms
Black Cab
Promise
New Directions
Hammer Hill
Eternity
Sipping

Rappel :
Maple Leaves

Rappels non prévus :
Pocket Full of money
Shirin
Tram n°7

A lire également, sur Jens Lekman :
l’interview (2008)
la chronique de « Night falls over Kortedala » (2007)
l’interview (2006)
la chronique de « Oh You’re so Silent Jens » (2005)
la chronique de « When I Said I Wanted to be Your Dog » (2004)

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