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Sufjan Stevens – All Delighted People EP

SUFJAN STEVENS – All Delighted People EP
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SUFJAN STEVENS - All Delighted People EPOn avait cru la magie de Sufjan Stevens éphémère. Pire : on avait fini par se dire que ses disques n’avaient peut-être servi que de brouillons répétitifs en préparation du grand œuvre, « Illinois ». Que depuis la fuite d’Egypte qui clôturait ce disque inépuisable, le génie et l’inspiration avaient du quitter le petit prodige pour de bon. Sufjan, l’homme arrivé au bon endroit et au bon moment ? L’homme des promesses non tenues, incapable de hisser ses projets à la hauteur de ses ambitions ?

Cinq ans plus tard, l’ex démiurge nous revient par la petite porte : « All Delighted People » est un EP uniquement téléchargeable, à la pochette franchement pas très belle, avec certains morceaux frôlant les vingt minutes… Tout juste un gadget pour contenter les derniers fans obsessifs. En apparence. En apparence seulement. Car les écoutes de ces huit chansons se succédant, les souvenirs de cet amour inconditionnel voué à Sufjan Stevens ressuscitent lentement. On rappuie sur play, on se surprend à interrompre toute activité, juste pour écouter et se laisser bercer à nouveau par tant de délicatesse. On comprend alors que par la serrure de la « petite porte », Sufjan réussit à nous faire passer un éléphant. Car « All Delighted People » est un disque plein à craquer, à l’image de sa pochette. D’entrée de jeu, la monumentale chanson titre, inspirée par « l’apocalypse, l’ennui existentiel et Simon & Garfunkel », parvient à relier à la fois tous les pans de la musique populaire américaine, mais aussi les différentes directions musicales empruntées (on a envie de dire : et à venir) par Stevens. Tout aussi sidérants sont le minimalisme et l’humilité des titres suivants : « Enchanting Ghost » et « Heirloom » montrent un Sufjan déshabillé de tout costume, affichant une sincérité absolue, plus que jamais inspiré par l’Amérique intemporelle. « From the Mouth of Gabriel » prolonge la spiritualité des EPs de Noël, tandis que « Djohariah » se construit, telle une marche funèbre, sur les boucles entêtantes d’un chœur antique, à la fois soul et psychédélique, griffé d’un solo de guitare électrique.

Avec ces huit titres composés au fil des années, le Tom Sawyer de la pop nous lance, d’un air innocent, un petit caillou, histoire de nous rappeler sa présence avant l’arrivée (imminente) du nouvel album. Mais plus qu’une pépite, c’est un véritable lingot qu’il fait ricocher sur les eaux de son Mississipi imaginaire. Un cadeau inestimable pour qui aura su être patient et rester fidèle. Rien de moins qu’un nouveau chef-d’oeuvre.

Christophe Patris

En vente en ligne sur Bandcamp

A lire également, sur Sufjan Stevens :
la chronique de « The BQE » (2009)
la chronique de « Run Rabbit Run » (2009)
la chronique de « Songs for Christmas » (2006)
la chronique de « The Avalanche : Outtakes and Extras from the Illinois Album » (2006)
l’interview (2005)
la chronique de « Come on Feel the Illinoise » (2005)
la chronique de « Seven Swans » (2004)

All Delighted People
Enchanting Ghost
Heirloom
From the Mouth of Gabriel
The Owl and the Tanager
All Delighted People (Classic Rock Version)
Arnika
Djohariah

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