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Amy Winehouse – Lioness : Hidden Treasure

    Amy Winehouse - Lioness : Hidden Treasure

Avec un peu de cynisme, on pourrait se demander si ce ne serait pas devenu une obligation contractuelle pour les artistes morts ? A peine embaumés, ceux-ci se devraient d’honorer leur disparition par une galette posthume en remerciement de la reconnaissance qui leur a été offerte ? Hélas, le temps leur est compté et il est parfois difficile pour eux d’achever leur travail. On se souvient encore de « Michael » du King of Pop qui avait difficilement convaincu, avec cette sensation d’écouter une maquette perfectible. En sera-t-il de même pour la plus célèbre des divas junkies, tout juste entrée au Panthéon musical à côté des rock stars décédées à l’âge maudit de 27 ans ? Si on ne peut ici parler d’un véritable troisième album pour Amy Winehouse, on notera une orientation très différente pour ce disque surprenant (assurée par Salaam Remi et Mark Ronson, avec qui elle a déjà collaboré sur les deux précédents albums) beaucoup moins sombre, moins soul. Un enterrement célébré de manière positive, et qui démontre le potentiel incroyable d’interprétation de la chanteuse, dont on aurait aimé voir continuer la route en d’autres façons.

 « Lioness : Hidden Treasures » se veut comme une compilation de nombreux morceaux de la carrière d’Amy Winehouse. Vous n’y trouverez donc aucun tube calibré à des fins radiophoniques mais, au contraire, un formidable recueil de reprises, de versions alternatives, qui révèle une Amy Winehouse (presque trop) rayonnante. Seul « Between the Cheats » a sa place à titre de nouveau morceau. Ici, c’est la revisite parallèle du parcours de la chanteuse qui nous intéresse, même si on sent qu’il s’agit surtout de redorer son plastron oxydé par ses déboires personnels. On remonte le temps, dix années en arrière, à l’époque où Amy chante « The Girl From Ipanema » avec une telle insolence, qui ferait presque passer la version de Joao Gilberto pour un standard coincé. On redécouvre son premier opus « Frank », à travers une face B (« Half Time »), puis « Back To Black »  avec deux morceaux dans un habillage moins sophistiqué (« Tears Dry » et « Wake Up Alone ») . En 12 morceaux, Amy Winehouse s’accapare tous les styles : reggae (« Our Day Will Come »), rockabilly (« Between the Cheats »), funk (« Valerie »), jazz (« Body & Soul »). On voudrait revoir la carrière d’une artiste qu’on ne pourrait mieux faire.

Oui, derrière cette avalanche de bon sentiments, on ne peut s’empêcher de penser qu’au-delà du plaisir de découvrir des raretés de la chanteuse, tout cela sonne comme une tentative réussie d’exploiter le potentiel commercial d’une carrière qui avait tout juste débuté. Entre le morceau « tribute » (« Like Smoke ») dans lequel le rappeur Nas vient poser sa voix sur une ancienne plage jamais dévoilée ou le récent « Body & Soul » en duo avec le grand Tony Benett, c’est autant de portes à peine entrouvertes par une artiste au talent d’exception qui nous sont proposées. Chaque morceau évoquerait presque un album à lui tout seul, et pourrait consacrer malgré tout la légende. 

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