Loading...
Disques

Fenster – Bones

Fenster - Bones

Nouveaux venus au sein de l’excellente écurie allemande Morr Music, Fenster est à première vue un groupe tout à fait dans l’air du temps : ils sont deux, un garçon, Jonathan Jarzyna, une fille, JJ Weihl, viennent des deux extrémités de la planète, et pas de coins perdus (NYC ; Berlin), sont bien fringués, bien coiffés, pas moches et, musicalement – ça nous intéresse aussi – évoquent, au fur et à mesure que les douze titres de leur premier album « Bones » défilent sur la platine, beaucoup de groupes récents que l’on aime. Du Arcade Fire et du Dodos (« Oh Canyon »), du XX (« White To Red » ; « Spring Break »), du Beach House (« Killer Surf Walker »), du Fleet Foxes (« Gespenster »), du Grizzly Bear (« Fisherman »), du Sigur Rós (« Golden Boy »), il y a un peu de tout ça dans « Bones ». Rappeler de bons groupes, c’est pas mal, mais ne serait-ce pas un signe flagrant de manque de personnalité ?

Eh bien, dans le cas de Fenster, pas du tout. Déjà, relevons que mieux vaut rappeler dix excellents groupes que d’en rappeler un seul, aussi bon soit-il. D’autant que la liste des groupes référents précités est plutôt éclectique. Et c’est là un talent indéniable de Fenster que de réussir à construire un disque cohérent avec des morceaux pourtant assez épars dans les genres, puisant autant dans l’indie folk terrien que la dream pop lunaire.

C’est qu’à y regarder de plus près, Fenster n’est pas vraiment un duo. Ou plutôt, c’est un duo formidablement servi par son producteur, un Grec répondant au curieux nom de Tadklimp, qui met en son d’une manière remarquable le minimalisme revendiqué (« Bones ») du groupe, sans pour autant le trahir dans son propos initial, entre rêves digitaux et réalité analogique : bruits de machines/bruits de vagues (d' »Ocean »), boucles rythmiques électroniques/batterie binaire à la Moe Tucker, guitares sèches rugueuses/guitares langoureuses à la Sterling Morrison, voix mélodieuses vaporeuses/talkover hypnotique à la Lou Reed.

Voici donc que se dessine une influence à laquelle on n’avait pas pensé à la première écoute et qui fait finalement de Fenster beaucoup plus qu’un simple groupe dans l’air du temps : celle du Velvet Underground, dans sa capacité à faire jaillir la lumière la plus vive de l’obscurité la plus opaque. On espère écouter « Bones » aussi longtemps qu’on a écouté les protégés de Warhol. Après dix écoutes insatiables de ce premier essai de Fenster, on se dit que c’est plutôt bien parti.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *