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Concerts

Ô Paon, Mount Eerie, Earth – I.Boat, le 16/03

Embarquer sur l’i.Boat est l’occasion de faire deux excellentes découvertes. La programmation de ce vendredi soir est cohérente, autant dans les influences communes que dans l’approche artistique des trois groupes invités : Ô Paon, Mount Eerie et Earth. Je sors avec un appareil photo et de bons vieux amis. Une soirée cinématique et extatique en perspective.

Geneviève Castrée, illustratrice d’origine québécoise – revient sur son dernier album, « Courses ». Sorti en 2010, il symbolise bien sa progression par rapport à son projet baptisé Woelv. Elle a choisi depuis longtemps de garder la langue française pour ses compositions. Ô Paon habite aujourd’hui Anacortes, petite ville immortalisée par le travail d’un photographe qui montera sur scène un tout petit peu plus tard. Le visage caché par sa chevelure, sa timidité et son innocence se ressentent au travers de ses murmures et de sa gestuelle. L’assurance la gagne au fil des morceaux. Elle raconte avec conviction et simplicité ce que certains d’entre eux lui évoquent. Geneviève ne manquera pas de remercier les différents membres de la tournée, des gens qu’elle apprécie pour leur gentillesse. En dehors des quelques réglages de pédales, ses mains se délient et les mots fusent. Elle avoue être moins stressée que lors de leur dernier concert et se réjouit même de nous offrir quelques titres supplémentaires.

Ô Paon

Arrive le tour de Phil Elvrum en habit vert. Cette voix, posée et  naturelle, se mêle à l’étrangeté et à l’intensité de sa douze-cordes. La nature est un thème qui lui tient à cœur et prend vie dans la reverb. Ses propos et l’omniprésence des effets ne peuvent rendre compte du talent indéniable du compositeur. En changeant le nom du groupe (anciennement The Microphones), les frontières continuent de se brouiller dans cet univers lo-fi. Bien souvent seul sur scène, il n’a pas manqué de multiplier les collaborations, dont une avec Julie Doiron. D’un paysage à l’autre, on découvre « Clear Moon », extrait de son nouvel album. Mon incapacité à prendre des photos (nettes) m’auront empêché d’immortaliser ces précieux instants. Histoire de prolonger l’errance, pourquoi ne pas repartir avec la compilation « SONG ISLANDS vol.2″ sous le bras… Je vous conseille de mettre rapidement une  option sur le titre « Get off the internet ».

Mount Eerie

Quand on m’a demandé comment je qualifiais la musique d’Earth quelques heures plus tôt, je n’ai pu m’empêcher de les ranger dans la catégorie « drone » suite à de brèves lectures sur la toile. Plus que de simples bourdonnements, me direz-vous. En provenance de Seattle et mené de mains de maître par Dylan Carlson, Earth fourmille de sonorités. Adrienne Davies, sa compagne, me fera sourire avec l’amplitude de ses mouvements pour finaliser sur des gestes plus que précis. Les frottements de l’archet et les coups de phalanges assénés au violoncelle par Lordi Goldston renforceront le caractère intimiste de cette musique. Le jeu de lumières réussit à mettre en valeur une telle dextérité et l’écoute statique de mes camarades d’un soir. On retrouve le beau Karl Blau à la basse. Je vais simplement rappeler sa prestation aux côtés de Laura Veirs, de confession indie-folk 100% K Records. Ces quatre-là viennent de sortir le deuxième volet de leur concept-album, « Angels Of Darkness, Demons Of Lights ». 

Néophyte du genre et les pieds bien ancrés au sol, j’en oublie presque la notion du temps. Plus d’une heure d’ambiances, de motifs mouvants. Comme certains l’auront fait remarquer à haute voix, Dylan Carlson n’use de son micro que pour interagir avec le public. « No flashes for medical reasons » : je ne me risque pas à prendre quelques clichés et m’en réjouis presque au vu de mes qualités de photographe. Le guitariste à la pilosité remarquable replace les morceaux au cœur de la discographie du groupe. Ce qui n’est pas une mince affaire, le projet remontant aux prémices des années 90. Dès qu’un(e) musicien(ne) dévoile son jeu, le set prend de l’ampleur et s’impose. Carlson capte ensuite toute mon attention. Il est incontestablement au centre de cette musique. Le passage du morceau « Harvey » au titre éponyme extrait de « The Bees Make Honey in the Lion’s Skull » marque bien le tournant pris par le leader dans les années 2000.

Les rencontres se faisant, je décroche avant la fin du concert. Aux douze coups de minuit, je suis alors gentiment redirigée vers la sortie. Les publics se mêlent, s’observent et se séparent en plein choc thermique. Être à l’air libre et entendre fuser les commentaires positifs me ravissent. Manque juste un peu de verdure. 

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