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Disques

Ormonde – Machine

 Ormonde - Machine

Entre une Anna-Lynne Williams en fin de bail de son « Trespassers », et un Robert Gomez un peu perdu de vue depuis son  » Pine Sticks and Phosforus », Ormonde se présente un peu comme un mini super duo, pas forcément attendu, mais qui suscite l’attention. Et le fait est que la rencontre se révèle fructueuse. D’entrée, « I Can’t Imagine » pose magnifiquement le décor et agit comme un poison parfumé, mélangé à son antidote (en l’occurrence la voix toujours aussi touchante d’Anna-Lynne), mariage d’émotion retenue, de sensibilité et d’une volupté sourde et inquiétante. Comme le plus souvent lorsque Robert Gomez pose sa voix étouffée, limite outre-tombe, c’est encore l’étrangeté qui s’instille sur « Cherry Blossom » ou « Drink », comme une menace aux allures de caresse, ou bien est-ce le contraire…

Dans ce contexte, la reprise trop propre et figée de « Lemon Incest » m’apparaît plutôt comme un des rares temps faibles. Et puisqu’il s’agit d’évoquer notre Gainsbourg national, c’est d’ailleurs plutôt à « Melody Nelson » et son « Hôtel Particulier » que l’on penserait, lorsque commence ensuite « Machine ». « Secret » parviendra à peine à interrompre ce rythme languide, avant que le bien nommé « Blank Slate », minimaliste jusque dans ses claviers faméliques, ne revienne nous mettre les pieds sur terre et la tête dans le brouillard, pour notre plus grand bonheur, oserais-je à peine dire !

La brume se dissipe quelque peu, mais le bonheur reste, lorsque se lance « Sudden Bright », indubitablement ma favorite. Véritable diamant gris, où les chants d’Anna-Lynne et de Robert se répondent et s’enroulent autour d’une rythmique aussi rectiligne qu’implacable, il trouve ainsi parfaitement l’équilibre entre le vertébré et le lascif.

Sans atteindre les mêmes sommets, « Hold the Water  » et « Let You Know » ne déparent pas, dans un registre et une émotivité plus classiquement folk, la seconde concluant même sur une note plutôt claire et apaisée. Comme si la traversée de cet album avait ressemblé à celle d’un glacier, sensation étrangement bienfaisante et troublante d’être au milieu d’un grand blanc qui atténue les reliefs et ne fait que mieux masquer les crevasses. Mais c’est un fait que beaucoup de ceux qui ont tenté l’expérience n’ont souvent eu qu’une envie : y retourner.

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