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Disques

Vit Päls – Ägd

Vit Päls - Ägd

À la relecture de mes précédents articles sur Vit Päls (« Studio Möllan », « Nånstans ska man va »), je ne vois pas trop ce que je pourrais ajouter sur ce qui fait, à mon sens, le charme de ce groupe, à l’écoute de ce très digne troisième album. On retrouve cette musique populaire efficace, très Jens Lekman, le côté précieux-références pour initiés en moins (et plus bancal, cf le bricolo « Interlude »), les cuivres à la Belle & Sebastian, les claviers popeux, la cuisine de Richman et la bonne humeur aigre-douce de Simon. Carl Johan et son groupe ont pris un peu de bouteille bien sûr et l’album est mieux produit que les précédents (« Sov hos mig i natt » en mode fin du monde-Crépuscule des Dieux mais tout va bien puisque « tu as dormi chez moi cette nuit »).

 

Surtout, ce qui fait le sel de Vit Päls réside dans les textes. Ecouter Vit Päls, c’est fouiller dans le journal intime de Carl Johan (ou à défaut dans sa time-line). On n’y trouvera pas de vices cachés ni de slips sales (ça, c’était dans le précédent album « Nånstans ska man va » ) mais sa vie tranquille-pépère, amoureuse souvent, faite de haut et de bas, de star locale de l’indie pop à Malmö. Il y est souvent question de son activité de DJ « för bärs och cash » (pour la bière et le cash) sur le tubesque et cuivré « Ägd » ou encore sur la ritournelle « Kärlek och cash », très Swedish Reggae (suivez mon regard). On y revit des moments de drague, entouré de copains alors qu’on tente de s’isoler dans un coin (« Bättre Hemma », soit « mieux à la maison », précis de blabla suédois avec un superbe refrain final). Ce qu’on apprécie par-dessus tout, ce sont les petits détails très suédois qu’on retrouve partout : les fêtes en chaussettes sur le parquet (« Bättre Hemma »), les fins de soirées au « gatukök » (littéralement « cuisine de rue », sorte de baraque à fast-food), et bien sûr toutes les expressions très suédoises et intraduisibles, réductions-contractions qui contiennent peut-être plus que la musique l’essence de son temps et de sa culture. C’est bien ça la pop, non ?

C’est aussi l’efficacité de trois-quatre accords de claviers en boucle, plus quelques-uns de guitare héroïque plaqués sur une histoire de largage (« Död och evigt mörker » i.e. mort et ténèbres éternelles et son clip Bergmanien lo-fi) pour conjurer le mauvais sort et essayer de s’en sortir.

 

Même histoire dans le, un poil, sirupeux « Livet är underbart » (référence à Capra ?), la jalousie en plus (« Han har en lite mössa men en stor mustasch »= Il a un petit bonnet mais une grosse moustache).

Evidemment, Carl Johan n’est pas le type d’Apollon déguisé en capitaine Cousteau produit à la chaîne ici dans les salles de sport et c’est vrai qu’on préfère le voir seul, foirer ses chansons avec sa guitare, ou derrière ses machines, gêné de chanter derrière ses boucles (le côté Daniel Johnston ou plutôt, Lispector, sans doute) plutôt qu’avec son très bon groupe. D’ailleurs, la véritable nouveauté de ce Vit Päls, c’est les morceaux électro, au mieux lorgnant vers le dernier Hefner et The French ou, au pire, vers l’eurodance la plus putassière (« Blodet Gnyr » et « Låt Eftertexterna rulla ») tendance indie quand même. C’est peut-être notre côté vicelard ou encore  le souvenir d’avoir entendu ces titres se faire massacrer glorieusement dans le sous-sol d’un pub de Gamla Stan mais on aime beaucoup ce nouveau virage. Finissons-en avec les aveux, le disco embarqué dans le bateau de la croisière s’amuse, « Sexuella frigörelsen », avec son triangle seventies et ses chœurs chamalow est un total killer.

A noter que « Ägd » est disponible en beau vinyle blanc et contient les accords des chansons pour massacrer, soi-même, à la maison, les chansons de Carl Johan, comme Carl Johan. Tack Vit Päls !

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