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Disques

Gérard Manset – Un Oiseau s’est posé

 Gérard Manset - Un Oiseau s'est posé

Manset change de maison de disques, quittant celle qui depuis toujours s’occupait de lui, et sort ce déconcertant double album de près de 100 minutes. Déconcertant car Gérard Manset y revisite plus de 40 ans de carrière et s’attaque à certains monuments de son imposante discographie (« Il voyage en solitaire », « Matrice »…), dont certains n’avaient pas (re)vu le jour depuis… 1971 ! Déconcertant car – fait inédit – il invite une assez jolie petite liste d’artistes à reprendre des morceaux avec lui ; en bref, à faire des duos (parfois avec des paroles adaptées en anglais !). Déconcertant enfin car si la plupart des morceaux sont réenregistrés, quelques-uns subissent un lifting assez inhabituel : ajout d’une guitare ou d’un piano sur les pistes originelles et mixage légèrement différent, en plus du réenregistrement (sur tous les titres) de la voix.

Je dois avouer que j’étais assez sceptique (même après une première écoute), et puis, à la faveur d’une interview sur France Inter, l’auteur-compositeur a donné quelques clés pour comprendre. On sait que des projets de concerts avaient germé et Manset avoue avoir été assez loin dans cette préparation. Alors voilà, ce disque, on peut le voir comme le live que Manset ne fera jamais, avec des versions plus brutes, un choix assez large de titres, des solos de guitare un peu plus démonstratifs, des vents et même des « invités surprise » sur cette scène pour le moins virtuelle.

Certains titres prennent un petit coup de jeune : c’est le cas pour « Entrez dans le rêve », dont la production était un peu datée, pour « Deux voiles blanches » (habillé de guitares et de… cornemuse !) ou pour « Le Train du soir » qui resserre quelques wagons. Sur d’autres titres, Manset change l’habillage mais les chansons gardent globalement leur force : « Matrice » est tout aussi rock mais arbore un son plus lourd ; « Lumières » est décliné en version acoustique ; « Manteau rouge » sonne plus bluesy… Après, il y a les curiosités comme « Manteau jaune » (texte offert récemment à Raphael sur la musique du titre « Obok ») ou les morceaux qui bougent peu (comme « Genre Humain » ou ce « Rouge-Gorge » aux percussions plus soutenues).

Et puis, bien sûr, il y a les duos : à l’instar de Christophe qui a transformé en blues son tube « Aline », Paul Breslin emmène « Il voyage en solitaire » vers le delta du Mississippi d’assez belle manière. Toujours en anglais, Mark Lanegan apporte sa voix (forcément sépulcrale) à « Elégie funèbre ». Raphael joue les passeurs de témoin sur un élégant « Toutes choses ». Mais ce sont probablement Axel Bauer et dEUS qui tirent le mieux leur épingle du jeu : le premier en livrant une version pleine de tension de « Celui qui marche devant », et les seconds en modernisant sans dénaturer le mythique « Animal on est mal ».

Et puis « Un oiseau s’est posé », c’est avant tout un bel inédit à l’écriture fine, une manière de dire que l’œuvre de Gérard Manset ne s’arrête pas là… ou un morceau qui pourrait faire office de rappel dans ce concert sans public ni applaudissements.

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