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Disques

Dick Annegarn – Mireille (1975)

 Dick Annegarn - Mireille

Dans la lignée du succès de « Sacré Géranium« , Dick Annegarn sort « Mireille » en 1975, creusant le sillon qu’il s’est choisi. Ses chansons sont toujours de prime abord naïves ou enfantines mais, derrière cette simplicité revendiquée, elles portent souvent bien plus : de la mélancolie tout d’abord sur « Coutances » (dans ce registre, le chef-lieu de canton du Cotentin chasse la capitale belge), sur « Golda » ou sur « Les Enfants » (« La nuit est un doux refuge de rêves »). De l’humour aussi, dans « Mireille », bien sûr, la fable tragi-comique sur l’abeille et le prisonnier, de l’autodérision même sur « L’Egotiste ». Cet album porte surtout une vision du monde qui est propre à Dick Annegarn (et probablement à son époque) : une vision certainement utopiste, où les maisons se vendent sans agents immobiliers et sans roublardise, où les quêtes ressemblent à celles des contes de fées. Tout cela sur fond de folk/jazz/blues/funk/psychédélisme/chanson… Sur « Hé hé hé », 30 ans avant Camille, il construit sa chanson uniquement a capella, superposant les voix.

Mais sur ce dernier album « grand public » des années 70, Dick Annegarn profite aussi de son succès pour passer quelques messages à une France giscardienne encore fort conservatrice ; il égratigne gentiment un/les beauf(s) sur « Nicotine Queen ». Sur « L’Egotiste », il déclare tout de go « J’ai un amant qui m’aime », même si la suite de la chanson détourne cette affirmation par une pirouette. On imagine qu’à l’époque, cela pouvait en faire tiquer plus d’un… Mais Dick Annegarn n’était perçu que comme un produit de la culture hippie, un grand gamin un peu naïf à l’exotisme batave. Et cette vision étriquée de l’artiste, démultipliée par le succès qu’il rencontrait alors, n’allait pas tarder à le pousser à aller voir ailleurs, sur des chemins plus tortueux et moins fréquentés.

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