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Disques

100s – IVRY

 100s - IVRY

Le rappeur californien 100s n’a pas sorti grand-chose en 2013, mais il a avancé ses pions. Après le succès d’estime obtenu par sa première mixtape, Ice Cold Perm, il a rejoint Fool’s Gold, le label d’A-Trak, porte d’entrée principale des rappeurs vers la branchitude, pour le meilleur et pour le pire. Et il a aussi livré un titre, « Life of a Mack », pour la cinquième édition de Grand Theft Auto. C’est donc sans surprise qu’il nous est revenu, en 2014, avec une meilleure exposition médiatique et une grande bienveillance critique. Quant à sa musique, elle aussi a changé de dimension, à en croire IVRY, une sortie récente de huit petits titres.

En 2012, nous n’avions reproché qu’une seule chose au très prometteur Ice Cold Perm : d’avoir été trop froid, trop désincarné, trop clinique. Mais en 2014, avec ce nouvel EP gratuit, c’est exactement comme si le jeune rappeur nous avait entendus (et pourquoi pas, après tout : d’origine ivoirienne, 100s comprend parfaitement le français). Côté musique, il propose en effet tout le contraire de la sortie précédente, privilégiant cette fois une atmosphère chaude et des beats chatoyants, produits par Joe Wax (déjà aux manettes avec la mixtape précédente), ainsi que par Chuck Inglish, par un certain Scott Stallone, et par A-Trak bien sûr. Et ces sons là siéent beaucoup mieux au personnage de pimp magnifique et invulnérable, que le jeune garçon continue ici à incarner.

A la sortie de cet EP / mixtape, on nous avait annoncé du Daft Punk converti au g-funk. Et à l’écoute, en effet, c’est un peu cela. IVRY sent bon le vieux funk, le disco et le confort synthétique, frôlant avec bonheur le mauvais goût. La musique est dansante et bondissante, et il y a davantage de passages mélodiques, chantés par lui ou par d’autres, comme avec les refrains de « Fuckin Around », « Different Type » et « Ten Freaky Hoes », voire sur un morceau entier, « Middle of the Night ». Les synthés carillonnent (« Can a Nigga Hit It »), ils sont doux et soyeux (« Ten Freaky Hoes ») ou bien irrésistiblement métronomiques (« Different Type of Love »), les solos de guitare sont torrides (« Middle of the Night »), les basses pulsent (« Slide on Ya ») et les vocoders (ou l’auto-tune, on ne sait plus) sont de sortie.

Pour accompagner les propos de maquereau de 100s, toujours aussi rudes, froids et cruels, imperméables à toute émotion, et délivrés plus que jamais avec une assurance totale et insolente (jugez « Thru My Veins », l’un des temps forts d’IVRY), certains préféreront une musique du même acabit, austère et noire. Mais d’autres privilégieront des beats plus enjôleurs, voire à la limite du kitsch, entretenant ce contraste entre la dureté des paroles et la douceur des sons, qui a fait le génie du meilleur g-funk. Par chance, c’est dans chacun de ces registres que 100s a enregistré une mixtape et livré son grand numéro de proxénète.

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