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Concerts

Suede – La Cigale, Paris, 28 janvier 2016

Parmi les rares groupes de la Britpop à être toujours en activité, Suede continue à sortir des albums plutôt dignes (comme le tout nouveau, “Night Thoughts”) et, surtout, à faire des étincelles sur scène. Brett Anderson et les siens l’ont encore prouvé en cette soirée de janvier, dans une salle semblant faite pour eux et totalement acquise à leur cause.

En ce mois de janvier 2016, les musiciens tombent comme des mouches, mais les Anglais de Suede sont toujours (bien) vivants. On les avait laissés à la Cigale le 11 novembre 2013, après un formidable concert du Festival des Inrocks qui nous avait fait rajeunir de deux décennies. C’est au même endroit qu’on les retrouve deux ans plus tard, mais cette fois-ci une toile nous sépare d’eux.

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Suede a en quelque sorte décidé d’assurer lui-même sa première partie, en jouant son nouvel album, “Night Thoughts”. Cachés derrière un écran semi-transparent, sur lequel est projeté un moyen métrage conçu pour accompagner la musique, les musiciens interprètent pour la première fois le disque en intégralité et dans l’ordre. Pour les membres du public n’ayant pas encore écouté ces chansons plus sombres qu’à l’accoutumée, l’expérience avait de fortes chances de laisser dubitatif. D’autant que le film, pas follement gai, raconte la déchéance d’un couple suite à la perte d’un enfant. Au programme de ces trois quarts d’heure et douze séquences (une par titre) : paranoïa, tentative de suicide, dépression, armes à feu, etc.

En recueillant quelques avis à la sortie du concert, on constate que l’expérience en a dérouté certains. Pour les autres, déjà familiarisés avec un album qui dévoile ses charmes sur la longueur, la projection est en parfaite fusion avec les chansons. Elle apporte même une intensité et une profondeur supplémentaires à « Night Thoughts ». Selon les morceaux joués, les membres du groupe sont éclairés individuellement (surtout Brett Anderson). Ce qui nous permet de constater que le quintette se donne comme si l’écran ne le séparait pas du public. Une fois « The Fur & The Feathers » terminé, le rideau tombe, c’est l’heure de l’entracte.

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Si ce premier volet semblait plutôt destiné aux spectateurs assis et placés suffisamment loin de l’écran (au pied de la scène, on ne voyait pas grand-chose), la seconde, nettement plus rock, aura rappelé pendant une heure que Suede reste l’un des groupes les plus excitants en activité, mené par un leader qui ne craint pas d’en faire des tonnes, dans la grande tradition du rock anglais. Sur le glam volontiers outrancier de “This Hollywood Life”, un morceau du deuxième album “Dog Man Star” qui ouvre ce deuxième set, Brett est encore relativement statique, se présentant quasiment de profil. Mais dès le titre suivant, “Killing of a Flashboy” (face B d’un single de la même période et “fan favourite” ; le groupe a d’ailleurs l’habitude pas si courante de jouer sur scène des titres ne figurant par sur les albums), il monte sur les retours, se tortille dans tous les sens et va au contact du public, qui se précipite pour toucher l’idole. Certes, les fans ne sont plus des gamines de 14 ans comme lors des tournées anglaises de 1992-93 (Luke Haines, qui assurait alors les premières parties avec The Auteurs, raconte ça très bien dans son livre “Bad Vibes”), et son jeu de scène est un peu moins sexuel. Mais son charisme et son énergie n’ont pas faibli, et sa voix fait toujours des merveilles.

“Trash” et “Animal Nitrate”, chantés en chœur par le public, font encore monter la température, qui retombe un peu avec les plus calmes “Sometimes I Feel I’ll Float Away” (tiré de l’album précédent, “Bloodsports”) et “Sadie”, une face B jamais jouée sur scène d’après Brett (« Et dans trois minutes trente, vous aurez compris pourquoi » ; en fait, le morceau en dure plutôt cinq, et n’est pas mauvais). Sur le toujours immense “The Drowners”, le chanteur descend carrément dans la fosse, comme en novembre 2013. Il dira d’ailleurs avoir une affection particulière pour cette salle – nous aussi ! – où les musiciens sont particulièrement proches des spectateurs.

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A part le délicat “The Living Dead” (encore une face B à l’origine), le reste du concert sera un rouleau compresseur parfaitement jouissif : “Heroine”, “So Young”, “Metal Mickey”… En sueur et largement dépoitraillé, Brett Anderson quitte la scène avec ses acolytes sur “Beautiful Ones” et ses « la la la la la la » accompagnés par le public. Le rappel se limitera à une seule chanson, mais l’une des plus galvanisantes de leur répertoire, “New Generation”. Une nouvelle génération que ces vétérans n’ont sans doute plus l’âge d’incarner, et dont ils ont pourtant conservé la fougue et la flamboyance. Respect.

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