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Disques

Jonathan Richman – Ishkode! Ishkode!

Jonathan Richman - Ishkode! Ishkode!C’est la mégabourde de l’an passé et le grand plaisir de ce début d’année : comment a-t-on pu laisser sortir dans la quasi indifférence générale le nouvel album de Jonathan Richman, cinq ans après « O Moon Queen Of Nigth On Earth » ??? Il faut dire que Jojo est un garçon discret, patient artisan, guère préoccupé par les plans marketings et l’infernal tunnel sortie-promo-tournée. Pas de révolution au programme non plus : ce sont toujours des chansons douces que nous chante ce grand enfant en compagnie de l’ami Tommy à la batterie, un peu d’espagnol, de français, un soupçon d’italien comme d’habitude mais, cette fois, Jonathan ajoute l’Ojibwe à son esperanto musical. Comme il l’a déjà fait avec « Abdu Jamal », Jojo attire l’attention sur la délicate situation qui sent le gaz (de schiste) des amérindiens, une fois de plus floués. Pas question de faire non plus le protest singer mais on sent le Richman concerné. La chanson et l’album prennent un sens un peu plus fort aujourd’hui que les tentes des camps ont brûlé. Bref…

Si depuis « Because her beauty is raw and wild », les albums de Richman sont un peu plus sombres dans les thèmes abordés, « Ishkode! Ishkode! » (Bonfire! Bonfire! donc pour ceux qui ne parlent pas l’Ojibwe) rouvre un peu les fenêtres et pioche dans l’atmosphère très ”décontrastée” des premiers Jonathan & the Modern Lovers voire, et je pèse mes mots, dans l’inoubliable « I Jonathan ». Sont-ce les chœurs amicaux et féminins sur l’amoureuse « Outside O’Duffys » qui rappellent « Rockin’ & Romance » ou les guitares un peu sales (quel retour !!) sur « Ishkode! Ishkode! » qui font écho avec celle du « Velvet Underground » ? En tout cas l’ambiance est bel et bien au joyeux bordel sur « Wait Wait » et on se reprend à jouer au « Rock N Roll with The Modern Lovers ».

En tout cas, si bordel il y a, on a affaire à des joyeux lurons de profession et de sacrés musiciens : Tommy Larkins à la batterie, métronome humain, et Jonathan à la guitare sont au sommet de leur art comme sur « Without The Heart of Chaperone » qui a un air de relecture de « Old World » (on sait que Jojo aime le work in progress).

Si cet album solaire en plein hiver nous permettra de tenir pendant les jours les plus gris, il se fait aussi un peu plus grave comme sur ce final, « Mother I give You My Soul Call », qui nous rappelle que le décès de sa mère évoqué précédemment dans « As my mother lay lying ». Et le bourdon indien qui l’accompagne n’est pas pour rien dans le cafard qui nous embrume un peu les yeux. Là encore, pourtant, Jonathan nous la joue piano sur le nylon et pas pathos du tout. Du bien bel art en somme.

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