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Disques

Modern Studies – The Weight of the Sun

Quartette basé à la fois à Glasgow, dans le Lancashire (à l’ouest de Leeds) et dans le Perthshire (superbe région au centre de l’Ecosse), Modern Studies est de ces groupes discrets dont la musique, bien qu’assez classique en apparence, n’est pas si facile à décrire. On peut quand même essayer de résumer leur troisième album, “The Weight of the Sun” : douze morceaux lents ou midtempo, doux, à l’instrumentation organique, au son planant, un peu cosmique, à l’image de la pochette où se superposent des formes aux tons pastel et aux contours flous. Les deux principaux auteurs-compositeurs, Emily Scott et Rob St John, mêlent leurs voix, souvent traitées à égalité, l’une plus proéminente que l’autre parfois, selon les chansons.

Il serait tentant de rapprocher Modern Studies d’autres formations et artistes signés chez Fire comme Vanishing Twin, Death and Vanilla, Jane Weaver, Orchestra of Spheres ou Virginia Wing. Le label lui-même nous y invitait d’ailleurs en les rassemblant tous l’an dernier sur un sampler au titre explicite, “Outer Limits”. On pouvait y découvrir le groupe dans son incarnation la plus expérimentale, à travers un instrumental ambient réalisé en collaboration avec leur ami Tommy Perman, un adepte de la sculpture sonore. “The Weight of the Sun” s’avère moins atmosphérique, plus terre-à-terre, mais se distingue néanmoins autant par le soin apporté à la mise en son que par son art du songwriting.

L’influence du folk anglais, à la fois pastoral et psychédélique, se fait souvent sentir, notamment à travers la voix d’Emily. Celle de Rob est nettement moins éthérée : un baryton lyrique et un peu rugueux qui produit parfois de curieuses étincelles quand il se frotte à son alter ego féminin (“The Blue of Distance”). Le plus souvent, les deux chantent la même mélodie, à une octave d’écart. Sur le magnifique “Heavy Water”, ils semblent rêver une country music flottant bien au-dessus du plancher des vaches et des cow-boys. La basse et les arrangements de cordes de “Back to the City” rappellent, eux, la musique de film et innervent le morceau d’une tension sous-jacente, tandis que “Run for Cover” et “Spaces” s’appuient sur des rythmiques plus marquées sans être vraiment dansantes. Un peu comme ces gens qui, en discothèque, meurent d’envie d’aller se déhancher sur la piste mais n’osent pas franchir le pas.

C’est sans doute l’éparpillement des musiciens (une distanciation sociale on ne peut plus d’actualité !), obligeant à un travail en partie à distance, et leurs racines musicales variées qui déterminent la forme des morceaux, avec leur empilage de couches sonores, leurs rythmiques pas franchement métronomiques, leurs ruptures de ton. Modern Studies trouve ici le juste milieu entre accessibilité pop et recherche sonore, et signe un disque à la fois méditatif et engageant, évanescent et incarné, dans lequel on s’immerge avec bonheur.

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