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Disques

The Bats – Foothills

Grandaddies de la pop néozélandaise : aussi confortable et revigorant qu’une bonne flambée.
Avec quarante années d’existence au compteur (et seulement dix albums), The Bats, comme le souligne leur label de toujours Flying Nun, explose le record de durée sans changement de personnel détenu par… The Rolling Stones !
Au-delà des records et des chiffres, The Bats nous donne surtout une nouvelle leçon d’excellence et de constance dans la lignée de Yo La Tengo ou de Teenage Fanclub (dont on attend le nouvel album pour mars 2021), groupes étalons toujours fringants avec lesquels il est bon de vieillir.
Ça pourrait être ça, la maturité : attendre la fin et l’Alzheimer en égrenant les albums des Bats. En attendant, on fera tranquille dans nos couches Confiance, la bave aux lèvres en relisant les chroniques de “The Guilty Office” (2009), “Free All the Monsters” (2012) ou “The Deep Set” (2017).
Au programme de “Foothills”, guère de révolution : on est toujours dans cette zone de confort assez Feelies, pop-rock aux accents twee, nonchalance et élégance mélodique, avec un certain grain, tour à tour acide ou charbonneux, une once de mélancolie souriante, de persévérance dans la naïveté désenchantée.
Si le panneau général reste le même, hautement élégant, comme pour les Sibylles de Michelangelo dans la Sixtine, il faudra lever la tête et s’atteler à déceler les milles et un détails et nuances de couleurs.
Ce sera, par exemple, cette vague douce, inattendue qui monte à la fin de “Change Is All”, le bien nommé donc, ou cette post-chanson, ritournelle sans paroles qui vient conclure le titre « Smaller ». Voilà les petites excentricités qui émaillent le classicisme apparent de la facture.

Reste qu’on ira de préférence vers les tubes assoupis et ouatés, “Beneath the Visor” et “Scrolling”, véritable Impression soleil couchant à la Yo La Tengo : balais, crépitements et coulées de guitare.
Autres merveilles de simplicité, “Red Car” ou le touchant “As You Were”, avec leurs miroitements de claviers. On admirera l’écriture, toute de sincérité et de détachement très anglo-saxon avec une économie qui fait mouche.
On ne fait pas que sommeiller : “Warwick” est assez uptempo (pour le groupe) et on éprouve même une sensible accélération sur “Field of Vision”. Enfin, sur « Another Door” on décèle une légère inquiétude, avec des éclats lumineux de guitares et des grésils de feu qui sommeille.

The Bats, comme leurs compatriotes noise The Dead C avec “Unknowns” paru cette année, ont encore réussi à replacer leur pays sur la grande carte du Tendre de nos amours musicales indépendantes. La Nouvelle-Zélande est terre de contrastes et on pourrait dire en guise de conclusion, comme Godard via la bouche de Belmondo dans “A bout de souffle” : « Si vous n’aimez pas la mer, si vous n’aimez pas la montagne, si vous n’aimez pas The Dead C ou The Bats : allez-vous faire foutre ! »
Avec l’aide de Johanna, amatrice de disques de sieste.
“Foothills” est paru le 13 novembre 2020 chez Flying Nun.

Trade in Silence
Warwick
Beneath the Visor
Scrolling
Another Door
Red Car
Field of Vision
Change Is All
As You Were
Smaller Pieces
Gone to Ground
Electric Sea View

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