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Disques

Pure Carrière – Eterna 83

Pure Carrière fait partie de ces découvertes improbables où le rock lo-fi se marie avec la chanson francophone. “Eterna 83” sonne déjà comme un manifeste de notre désarroi, et c’est aussi l’occasion de se rappeler que Québec, au même titre que Montréal, tient toujours une place inestimable dans la pop moderne.

Si on a parfois la mauvaise manie d’y aller à reculons lorsqu’il s’agit d’écouter des disques de rock chantés en français, on ne remerciera jamais assez certains groupes – coucou Sinaïve, pour ne citer que les plus récents – de nous avoir remis sur le droit chemin de la francophonie. Dans ce retour aux sources, on aime s’aventurer du côté des groupes québécois, dont l’usage de la langue française peut s’avérer une belle expérimentation mélodique. On se souvient encore avec émotion du rock bigarré de Malajube et on découvre aujourd’hui les compositions vaguement opiacées de Pure Carrière avec “Eterna 83”. Ces tranches pop-folk bricolo se sont doucement incrustées dans notre quotidien confiné, et si vous avez un doute là-dessus, allez donc écouter le rock déglingué de “Né fucké” pour vous faire un avis.

“Eterna 83” passe de la basse claquante de “Azraël” aux accords fatigués de “Fièvre (ou Au revoir Hiroshi Sato)” avec un art du grand écart qui prend les apparences d’une auberge espagnole bienfaitrice. Si “Bum Originel (Vox Eterna)” ressemble à une vieille ballade lo-fi que n’aurait pas renié ce cher Lou Barlow, “Bobby Watson” joue sur l’alternance mur de distorsion / basse plaintive, le tout sur un texte surréaliste. “Kyrie Gros Parté” – ne nous demandez pas la signification du titre, nous n’avons toujours pas compris – nous sauvera la journée en nous donnant envie de danser une dernière fois comme lors d’une fin de bal de village. Enfin, que dire de “Ménage magique” avec son alternance de passages calmes et énervés, entre violon et riffs de guitare saturée ?

Vous l’aurez compris, “Eterna 83” de Pure Carrière, c’est le bazar mais c’est très bien comme ça. On tient là un disque assez barré, qui fait plaisir avec son côté très slacker. Car qui pourrait résister à cette variation de Stereolab enregistrée à la maison ?

 

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