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Disques

Real Estate – Daniel 

Sur un sixième album mirifique, Real Estate retrouve le goût de jouer ensemble et celui des mélodies imparables. Toutes guitares (légères) dehors.  

Tout le monde n’a pas la chance d’avoir grandi dans une petite ville sans charme du New Jersey. Quoique, sans charme… De son adolescence à Ridgewood, 25 000 habitants, Martin Courtney semble puiser à des chansons crève-cœur comme à une source intarissable. En matière de créativité, les vertus de l’ennui ne sont plus à démontrer.

Et si Real Estate a enregistré “Daniel” à Nashville comme pour s’éloigner de ses bases, le quintette nous convie surtout ici à un formidable retour aux sources. Après les errances technologiques “In Mind” (2017) et “The Main Thing” (2020), le sixième album sonne le regain du naturalisme. Les guitares, soulignées par la pedal steel, scintillent et carillonnent en échos. En héritier moderne des Byrds, Real Estate parvient au firmament jangle pop.

Dans un début d’album rêvé où quatre titres se déroulent à merveille, le groupe ravive de bons souvenirs des Chills (“Somebody New”, “Flowers”), R.E.M. (“Water Underground”) ou tout simplement de leur son originel (“Haunted World”). Martin Courtney ne nous avait pas conviés à pareille fête depuis « Atlas » (2014).

Puis viennent “Interior” et “Freeze Brain” où l’inspiration marque un peu le pas. A ces deux réserves près, Real Estate tenait un chef-d’œuvre. Covid oblige, le groupe séparé pendant deux ans s’est retrouvé dans une joie et un enthousiasme manifestes. Il faudrait une bonne dose de mauvaise foi pour déplorer, encore et toujours, le départ du guitariste Matt Mondanile (en 2016), tant Julian Lynch joue désormais en orfèvre de l’arpège et du solo. 

En fin de parcours, l’album reprend de l’élan avec le doublé “Say No More” et “Airdrop” qui évoque encore la couleur Flying Nun Records. Sur “Victoria”, on parierait les yeux fermés sur un featuring de Dean Wareham (Galaxie 500, Luna), chant et guitare comprise, mais c’est bel et bien le bassiste de toujours Alex Bleeker qui tient le micro.

En somme, l’album, hélas affublé d’un visuel aussi moche qu’énigmatique, s’impose déjà comme l’un des grands disques de l’année.   

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