Où l’on retrouve notre duo préféré, Stanley Brinks et Clémence Freschard, en goguette à New York. Là où on jouerait les touristes (sans réseaux sociaux), nos compères visitent leurs pairs et enregistrent un album de copains pour les copains.
Country vs State ou Clémence (Freschard) vs Stanley (Brinks) ? La campagne vs l’État honni ? La cambrousse européenne vs la ville-État ? Le titre est aussi mystérieux que l’établissement du Bun & Cone (tout un programme) qui figure en pochette.
En revanche, le contenu est plus familier puisqu’on y retrouve un son pourri comme à la grande époque, une écriture collaborative comme à la grande époque (Mofo #3, festival culte de Mains d’œuvres circa… 2003 ?) avec tous nos (anti)héros… de la grande époque donc : Toby Goodshank, G. Lucas Crane, Prewar Yardsale, Angela Carlucci, Rachel Lipson.
Take me back to NYC, comme disait le frangin. Prolétaires de toutes les bohèmes, unissez-vous, réjouissez-nous.
Contrairement à un ami cher, je n’avais pas été, à l’époque, spécialement convaincu par le Mofo collaboratif. La bande Düne fricotait avec les Américains et la bande française s’incestait dans son coin (Mendelson vs Married Monk, pour un “Roma Amor” d’anthologie). C’est cette dernière qui m’avait alors davantage plu.
À rebours de ce souvenir, ce “CVS” est tout à fait sympathique. On sent des retrouvailles attendues, la joie de jouer ensemble et c’est amusant, pour le fan, de chercher à déceler les écritures des uns et des autres.
En cela, “Build a Fence Around Me”, est le tube typique d’ouverture Brinksien. Je parierais que l’amusant “Down The Line” est plutôt Freschardien. Mais rien n’est sûr et c’est le décalage entre le connu et l’inconnu qui est stimulant. “Oriana Moon”, par exemple, qui nous fait découvrir une curieuse histoire de fantômes visitant le narrateur et invitant le personnage historique Orianna Moon Andrews (1834-83), première femme médecin aux Etats-UYnis (je croyais que c’était Docteur Quinn…) à côtoyer le personnage fictif Rip Van Winkle, tiré de la nouvelle fantastique de Washington Irving, évoque une sieste magique /voyage dans le temps.
Et effectivement, il est beaucoup question de rencontres, de moments embrumés d’alcool et de drogues, où l’on perd la notion du temps (“Born in 1981”) et de l’espace (“High on the cross”).
Comme à la grande époque, la palme revient (comme toujours ?) à Prewar Yardsale avec “Luck of the Draw” :
« I have a brit pop life. I have a brit pop life / It’s an oasis and a blur / I got myself a wife / Don’t know if I love her »
Luck of the Draw, Prewar Yardsale avec Stanley et Clémence.
Et pour finir (la fin toujours impeccable), “I Love New York”, une chanson écrite avec Dr Wendy Scribner aka Mme Maman de Jeffrey/Jack Lewis, et ça, c’est la classe. Pour ceux qui suivent les « Stories My Dad Tells » des comics de Jeff ou le podcast de Jack, c’est de l’or en barre.
Alors oui, soyons un peu nostalgiques mais aussi apprécions ces instants musicaux d’aujourd’hui pour ce qu’ils sont : une belle collection de chansons de copains tout aussi sympathiques que leurs compositeurs (et protagonistes : Timothy Miller).
Avec Johanna D., Bun without cone.
“Country versus State” est sorti en CD-R, numérique le 13 mars 2024.