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Disques

Kim Deal – Nobody Loves You More

Kim Deal sublime une certaine idée de l’absolu pop avec une déconcertante facilité.

Celle qui avait été recrutée en tant que bassiste chez les Pixies, notoirement pour avoir été fan de Peter Paul & Mary et Hüsker Dü, avait réussi à imposer dans le répertoire du groupe un titre parfait, “Gigantic“. Une première salve qui annonçait déjà tout le programme à venir. Partie fonder The Breeders avec sa sœur jumelle Kelley Deal, Josephine Wiggs et Tanya Donelly, Kim Deal sortira au mitan des années 90 l’un des plus grands tubes de cette période, l’immense “Cannonball“. Revenue un temps chez les Pixies pour d’interminables tournées nostalgiques, elle finira par lâcher l’affaire quand Charles Thompson III alias Frank Black imposera ses compositions plutôt moyennes sous le nom des Pixies. Pendant ce temps, les Breeders demeuraient constantes avec les excellents “Title TK“, “Mountain Battles“ et “All Nerve “. Et voilà que déboule ce premier album solo inattendu, “Nobody Loves You More“, dont l’écoute se révèle aussi cool que captivante.

Que l’on ne se trompe pas, avec sa basse fuzz et ses riffs en ligne claire planqués au fond du mix, “Big Ben Beat“ aurait tout aussi bien pu finir sur un album des Breeders. Mais sur le morceau titre de l’album, Kim Deal déploie une pop placide et mystérieuse, amplement orchestrée, à laquelle elle ne nous avait pas vraiment habitués. Cette musique semble aussi faussement naïve qu’un long plan du regretté David Lynch sur une petite ville nord-américaine. L’écriture est fluide et tranquille, parfois joyeuse quand elle joue avec ses références, l’Amérique désuète des années 50 à aujourd’hui qu’elle regarde avec un mélange de joie et de mélancolie.

La guitare twang de “Wish I Was“ tient une rythmique au cordeau et la chanson nous ébahit autant par ses harmonies que par son texte où Kim Deal semble se remémorer une partie de sa jeunesse perdue. Sur “Are You Mine?“, elle évoque pudiquement sa mère luttant contre Alzheimer, et au détour d’une guitare slide on sentirait presque une larme couler. Une pensée triste qu’elle transcende par les rythmiques insaisissables de “Crystal Breath“ que l’on se repassera en cas de coup de mou. Enfin, on se réservera “Summerland“ pour une fin de dimanche après-midi tranquille, à l’heure des derniers rayons de soleil printaniers. De quoi se rappeler que Kim Deal réalise ici sa propre version de “Pet Sounds“, aussi beau qu’un cadeau d’une simplicité désarmante.

L’album se referme avec “A Good Time Pushed“, ultime session d’enregistrement pour Steve Albini avant qu’il ne nous quitte beaucoup trop tôt l’an dernier. Une bonne occasion de repenser à tous ces moments, les bons, les mauvais, et de les prendre pour ce qu’ils sont, à l’image de ce mélange de doo-wop et de rock slacker, une composition de notre mémoire qui n’en garderait que les meilleures instants. Un très beau disque que l’on découvre avec un léger différé, mais à l’écoute duquel on ne peut s’empêcher d’esquisser à chaque fois un sourire franc.


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