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Disques

Olivia Pedroli – The Den

Olivia Pedroli - The Den

Treize ans de conservatoire ne peuvent pas être sans incidence chez une musicienne. Olivia Pedroli, originaire de Neuchâtel, a en effet quitté le conservatoire après y avoir appris le violon. Le goût du classique était inoculé, mais c’est pourtant, après un parcours musical varié, en jeune interprète folk que se fait connaître la jeune femme, avec un groupe intitulé Lole (par forcément le nom le plus facile à porter ces temps-ci, le e en plus ne changeant pas grand-chose). La revoilà en tout cas sous son propre patronyme, bien décidée à utiliser au mieux la richesse de son parcours musical.
Avec le background qu’est celui de la Suissesse, il était couru d’avance que « The Den » ne serait pas forcément un disque au charme immédiat, et celui-ci met en effet un certain temps avant de montrer tous ses atouts. Car il y en a, et même beaucoup, sur ces dix titres. Mais comme « Bow », ouvrant le disque, l’illustre fort bien, il faut attendre que la brume se dissipe, que la torpeur s’efface pour saisir les nuances, la précision des arrangements, le mélange subtil entre retenue et richesse de l’instrumentation. A ses études au conservatoire, comment ne pas associer la sublime boucle de violon de « The Day » (qui n’est pas sans rappeler le romantisme du thème de « In the Mood For Love », le film de Wong Kar-Wai) ? Le masque de l’apparente sécheresse du disque est tombé une première fois, et si la jeune femme se retire sur plusieurs titres derrière un folk aux sonorités classiques, il y a régulièrement ces passages mélodiques de cordes ou de vents qui font monter l’émotion (« The Path », « Stay » ou « House »), qui sauvent à la fois les chansons d’un classicisme qui pourrait être pesant mais ouvrent aussi des portes sur un univers au final beaucoup moins monochrome qu’il peut sembler au premier contact. Produit avec le concours de Valgeir Sigurdsson, par ailleurs collaborateur dans le temps de Björk ou encore Bonnie « Prince » Billy, il y a effectivement des similitudes dans ces univers et celui d’Olivia Pedroli : les lieux y sont un peu fantasmés car pris dans le brouillard, les mots souvent murmurés (parfois un peu trop d’ailleurs, un peu d’affirmation servirait certains titres) et les arrangements contribuent à instiller mélancolie et méditation sereine. Et parfois, il émane également des titres une vraie sensualité, une force que l’on n’entend pas forcément à la première écoute (« To Be You », « Raise Erase ») et qui comme toutes les autres composantes du disque effleure, séduit avec discrétion, sans réellement choisir entre les aspirations folk, musique classique et la composante expérimentale toujours un peu présente (le finale de « You Caught Me » par exemple, avec ces ornements synthétiques). Et sur le dernier titre, « Silent Emily », c’est à un numéro d’équilibriste réussi que se livre la musicienne, avec une ambiance extrêmement riche, qui évolue de façon perpétuelle, qui possède un cycle complet (montée en puissance, « mort » du morceau, « renaissance » de celui-ci sous une autre forme). C’est à la fois une ouverture sur un futur possiblement brillant et une affirmation de l’identité musicale d’Olivia Pedroli : un joli coup d’éclat donc, pour un postulat de départ pas forcément évident au départ.

 

 

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