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Disques

Editors – An End Has a Start

EDITORS – An End Has A Start
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EDITORS - An End Has A Start"The Back Room", premier album des Anglais d’Editors sorti il y a deux ans, avait laissé une impression un peu mitigée. On pouvait difficilement mettre en doute la sincérité du groupe et son talent pour écrire des morceaux fougueux et accrocheurs, de ceux qui font dresser l’oreille et s’ancrent vite dans la mémoire. Mais leur style, leur son semblaient puiser un peu trop dans la new wave sombre et plus ou moins emphatique du début des années 80 : moins proches, au fond, de Joy Division et Echo and the Bunnymen, noms qu’on a lus ici ou là à leur propos, que de seconds couteaux méritants comme The Sound, The Chameleons ou The Comsat Angels – même si rien ne prouve qu’ils les aient écoutés.
En tout cas, le public a tranché : le disque a rencontré un énorme succès en Grande-Bretagne, et si les ventes ont été plus modestes en France, les Editors se sont produits chez nous dans quelques gros festivals, s’affirmant comme un groupe de scène particulièrement puissant et efficace. C’est donc peu dire que ce deuxième album était très attendu, avec quelques craintes légitimes : qu’il ne s’agisse que d’une simple redite du premier, que les chansons soient moins fortes ou que la grenouille, grisée par ses chiffres de vente, cherche à se faire aussi grosse que le bœuf. Même si les quatre de Birmingham n’évitent pas totalement ces écueils, "An End Has a Start" (n° 1 des charts UK dès sa sortie) ne déçoit pas, et est un peu au disque précédent ce que "Antics" fut à "Bring On the Bright Lights" pour Interpol, leurs cousins d’Amérique.
En faisant appel au producteur Jacknife Lee (un ex-membre de Compulsion qui avait déjà travaillé sur le single "Bullets", et qui s’est distingué récemment avec des poids lourds comme U2 ou Snow Patrol), les Editors cherchaient à l’évidence un son plus ample et plus moderne. S’ils parviennent à éviter la boursouflure et le calibrage stadium rock, ils perdent un peu de leur urgence en route, et l’on ne trouvera ici rien d’aussi évident que "Munich" ou d’aussi rageur que "Fingers in the Factories". Les angles qui saillaient sur "The Back Room" se sont un peu émoussés et on a parfois l’impression d’entendre du Coldplay ("Push Your Head Towards the Air") ou du U2 période "The Joshua Tree" (le refrain de "Smokers Outside the Hospital Doors"). Heureusement, de gros nuages noirs planent toujours au-dessus des chansons, et même si la voix de Tom Smith exsude un peu moins la tristesse et la colère contenue que sur le premier album, elle prend toujours aux tripes. Par la force des choses, la musique d’Editors se retrouve aujourd’hui du côté de la consommation de masse, mais nos quatre garçons pâles et anxieux ne semblent toujours pas décidés à proposer du simple divertissement inoffensif à nos oreilles. C’est finalement en cela qu’ils restent proches d’un certain esprit post-punk/cold wave, au-delà des simples rapprochements formels. Même s’ils ont tout intérêt à se renouveler sur le prochain album.

Vincent Arquillière

Smokers Outside the Hospital Doors
An End Has a Start
The Weight of the World
Bones
When Anger Shows
The Racing Rats
Push Your Head Towards the Air
Escape the Nest
Spiders
Well Worn Hand

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