Loading...
Disques

George – A Week of Kindness

GEORGE – A Week Of Kindness
(Pickled Egg) – acheter ce disque

GEORGE - A Week Of KindnessEncore un groupe que je ne découvre qu’avec son deuxième album (cf. Thee More Shallows), ce qui, pour quelqu’un censé suivre de près l’actualité musicale, la fout un peu mal. D’autant que le premier disque de George, sorti il y a deux ans, avait été chroniqué ici même. Précisons quand même, à ma décharge, que, comme le nouveau "A Week of Kindness" (contrepèterie sur "A Kind of Weakness" ?), "The Magic Lantern" était édité par Pickled Egg records (Leicester, Grande-Bretagne), pas vraiment le label le mieux distribué chez nous. Voilà pour les justifications, occupons-nous maintenant de la musique. Et affirmons tout de go que "A Week of Kindness" est une petite merveille, qui mérite qu’on fasse quelques efforts pour se la procurer. L’emballage, déjà, est emballant : un digipack soigné, à la fois élégant et artisanal, orné de photos énigmatiques : trous de serrure, main gantée, vieilles clés… Comme à la grande époque de 4AD et de Vaughan Oliver, on s’attend à une musique magique, mystérieuse et belle… et on n’est pas déçu.
Face au bataillon de groupes à voix raides et guitares cinglantes qui fait actuellement la loi outre-Manche, le doux George doit se sentir bien isolé. Michael Varty et Suzy Mangion (George, c’est eux, avec quelques amis ; Suzy collabore par ailleurs avec Piano Magic) sont des francs-tireurs qui n’auraient jamais l’idée de faire usage de leur arme : leurs roulements de tambour ("My Fear Keeps God A-Hiding") évoquent plus ces vieux jouets dont on remontait la clé que les illustres batailles qui ont donné leur nom aux gares et places de Londres. M. et Mme George viennent de Manchester, mais pourraient aussi bien habiter un manoir dans les Highlands ou sur la planète Pluton. On serait en effet bien en peine de retrouver la plus infime trace du patrimoine musical de la ville dans ces berceuses éthérées qu’ils semblent avoir rêvées plutôt qu’enregistrées. Ou alors il faudrait remonter loin, bien avant Factory, Joy Division et The Fall, jusqu’aux chansons populaires de l’entre-deux-guerres ("Sunday Painter").
Un bref morceau s’intitule "Vanishing Sounds of Britain" : voilà sans doute la meilleure définition qu’on puisse donner de leur musique. Et pourtant, on passerait à côté de l’essentiel en laissant entendre que Michael et Suzy trempent leur son dans la nostalgie et l’Earl Grey de cinq heures. Car on entend ici des instrumentaux ambient que n’aurait pas reniés Brian Eno ("Week of Wonders"), on pense très fort aux courses d’escargots mâle et femelle de Low ou Mojave 3 ("Now You Want to Settle Down"), on décèle un peu partout des instruments que nos jeunes loups drapés dans l’Union Jack n’auraient jamais l’idée d’utiliser : banjo, triangle, sifflets… Comme Viriginia Astley ou les Young Marble Giants avant eux, les deux George sont des adultes n’ayant jamais abdiqué leur part d’enfance, qu’évoque ici le son grêle et ô combien émouvant d’une boîte à musique. Tout au long du disque, le groupe donne l’impression qu’il joue dans la ouate, en essayant de faire le moins de bruit possible. A la place, ils font de la musique, et on ne perd vraiment pas au change.

Vincent Arquillière

The New and Better Heart
My Fear Keeps God A-Hiding
The Living Sound
Week of Wonders
Now You Want to Settle Down
Vanishing Sounds of Britain
Sunday Painter
Spend My Time
Song of Degrees
Fabula
Supercharge
Closest of All
Joy Could Be Here
This Will Not Stop
Older Too

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *