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Disques

Triosk – The Headlight Serenade

TRIOSK – The Headlight Serenade
(Leaf / PIAS) [site] – acheter ce disque

TRIOSK - The Headlight SerenadeChacun se souvient de la semi-plaisanterie que fut l’electro-jazz. Et pourtant, loin d’ironiser sur le succès de Saint-Germain ou sur la fusion à froid, parfois clinique et inégalement inventive, des productions ECM, on serait mieux avisé de réaliser que l’hybridation des genres musicaux en question demande de la patience, une volonté de ne pas brusquer le naturel des musiciens, et une utilisation des nouvelles technologies qui ne les réduise pas au gadget ornemental. La découverte du second album du trio australien Triosk, après "Moment Returns" déjà paru chez Leaf en 2004, fut pour moi, peut-être naïf, l’occasion de mesurer que la greffe avait réellement pris, dans une formule pourtant pas absolument inédite : en l’occurrence le croisement d’un jazz expressif et mélodique porté sur l’improvisation et d’une electro ambient aux sons diversement traités. Il faut ajouter que la nécessité d’équilibrer ces deux composantes de la création est inscrite au cœur de l’intuition originelle du groupe et que, l’expérience aidant, elle aboutit ici à une fusion à chaud qui rend l’ensemble particulièrement cohérent. Peu importe leur impulsion, électronique ou acoustique, les morceaux ouvrent un horizon indécis, où, comme chez le Elstir de Proust, la mer et la terre se confondent. Le piano a souvent la part belle, avec ses notes comme jetées en pluie ("Lost Reprise"), ses mélodies parfois proches de Brad Mehldau ("One, Twenty-Four") ou d’Harold Budd ("Vostok"), mais les percussions et la basse ne sont pas en reste, l’ossature des morceaux supposant le plus souvent une rythmique hybride et versatile ("Intensives Leben", "Headlights"). Au milieu du disque, une longue plage de 11 minutes, "Lazyboat" propose une longue dérive électro-acoustique, avec un piano cette fois plus proche de Satie ou de Ravel, et porte à son comble les qualités hypnotiques et oniriques du groupe. Le ban se ferme sur le morceau le plus déconstruit du lot ("Fear Survivor"). Assurément, l’un des meilleurs albums ambient de l’année, à mon avis un cran au-dessus des derniers RF et Tuxedomoon, pourtant excellents. Je vous le recommande.

David Larre

Visions IV
Lost Broadcast
Lost Reprise
Intensives Leben
Lazyboat
Not to Hurt You
Headlights
One, Twenty-Four
Vostok
Moment Returns
Fear Survivor

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