L’ALTRA – In The Afternoon
(Aesthetics / Chronowax)
Il arrive, avec le printemps, que l’on n’ait pas spécialement envie d’être triste. Et pas non plus spécialement envie de faire la fête. Il y a là un petit monde à creuser, une paradoxale mélancolie à inventer, à porter le cœur léger. C’est ce terrain qu’on choisi d’investir les quatre membres de L’Altra. Deux ans après un premier album, "Music Of A Sinking Occasion", qui avait déjà laissé de fort belles traces, pas très loin, pour les sensations résultantes en tout cas, du "And Then Nothing…" de Yo La Tengo ou du "Secret Name" de Low. Depuis, Aesthetics, le label de Ken Dyber, a trouvé une distribution légitime dans notre beau pays, et, après celui de 33.3, "Plays Music", ce second album de L’Altra devrait asseoir définitivement la réputation de ce très bon label par ici. Car oui, cela tombe bien, il se trouve que "In The Afternoon" est encore meilleur que son prédécesseur, ce qui n’était pas forcément chose aisée. Les points d’ancrage, les comparaisons seront les mêmes : touches discrètes de jazz pour l’instrumentation et la variété des thèmes, teintes de folk, merveilleuse maîtrise de l’espace sonore et de ses strates, structures rituelles couplets-refrains oubliées, comme dissoutes, avec Bark Psychosis, Talk Talk ou Hood (en moins électronique) comme figures tutélaires plus ou moins proches. Reste à pointer ce qui diffère, et comme par hasard, ce qui est mieux : une plus grande richesse des orchestrations (trompettes, piano et cordes, balais et arpèges de guitare, entre autres), une plus grande densité des compositions (on ne s’ennuie pas une seule seconde, ou plutôt, l’ennui fait tellement partie du voyage qu’il en devient essentiel) et surtout, surtout ce fantastique et quasi-omniprésent jeu entre les voix de Joseph Costa et Lindsay Anderson, frère et sœur à la ville, qui se questionnent et se répondent tout au long de l’album, parfois de manière bouleversante ("Broken Mouths"), parfaitement au point. Des morceaux, comme "Traffic" ou "Ways Out", se déroulent à leur(s) rythme(s), se déploient, finissent dans un souffle d’écume, parfois pour renaître aussitôt. Ceux qui ont déjà passé des après-midi à méditer sur une plage hors saison, en écoutant le sable bruisser sous les rafales de vent et les vagues rouler au ralenti me comprendront. Je surenchéris sur mes collègues : album du semestre, haut la main.
Guillaume
Soft Connection
Certainty
Black Arrow
A Delicate Flower
Traffic
Ways Out
Moth In Rain
Broken Mouths
Afternoon Sun
Goodbye Music