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Disques

Hayden – Live At Convocation Hall

HAYDEN – La Java, Paris, 8 décembre 2004

Qu’est-ce qui peut bien vous pousser à affronter les frimas de décembre un soir de semaine ? Réponse : un concert du songwriter canadien Hayden Desser, de passage à Paris à l’occasion de la sortie de son nouvel album, "Elk Lake Serenade".

20h30. La salle en sous-sol, le public clairsemé et la scène minuscule vous renseignent d’emblée sur la tournure confidentielle de la soirée. A 21 heures pas tapantes, un grand échalas australien, Burke, monte sur scène, accueilli par des applaudissements peu fournis. Il empoigne une guitare sèche et un harmonica et se lance aussitôt dans un folk dépouillé et fiévreux. Vous retenez de sa prestation de jolis arpèges de guitare et une façon de chanter bien à lui, les dents serrées comme pour étouffer un trop plein d’émotion. Le folk est affaire d’introspection.

Une heure plus tard, La tignasse ébouriffée de Hayden fait son apparition pour le passage de témoin. Vous découvrez un trentenaire nonchalant au sourire charmeur et à la gueule d’ange dissimulée sous une épaisse barbe noire. Même exercice de style dépouillé pour le Canadien, qui jouera toute la soirée l’homme-orchestre en l’absence de musiciens (les temps sont durs), alternant avec une égale dextérité guitare, piano et harmonica. Le public semble conquis d’avance et, dès les premières notes, vous avez le sentiment que la soirée va enfin prendre son envol. Avec son timbre rugueux, le grizzly Hayden vous fiche le frisson en moins de deux. Son jeu de guitare plutôt nerveux vous fait taper du pied et hocher la tête. Les mélodies sont poignantes, l’homme, habité, a du feeling à revendre. Entre deux morceaux, il plaisante avec vous comparant l’allée centrale à une piste de bowling. Viennent aussi d’obscures histoires de chat, de chevaux et de femmes…
Sur "Hollywood Ending" (tiré du dernier album), il imite un solo de trompette avec sa voix sans que personne ne cille. Pendant plus d’une heure, Hayden déroule ses climats introspectifs et son énergie rock avec sincérité. Arrive le titre "Tree’s Lounge" écrit pour le film de Steve Buscemi qui sonne comme le point d’orgue du set avec ses étranges couleurs harmoniques couvertes par les feulements du chanteur. Le concert passe comme un mirage dans une ambiance à la fois recueillie et bon enfant. Pour les rappels, l’artiste vous donne le choix, guitare au piano ? Ce sera les deux. Vous aurez encore l’occasion d’y entendre la chanson la plus courte de son répertoire suivi aussitôt de la chanson la plus triste. Il est comme ça Hayden, généreux.

Et vous repartez comme vous êtes venu, la tête dans les épaules, prêt à affronter le froid mordant du dehors avec l’impression étrange d’avoir quitté un mythe ou un ami, vous ne savez plus très bien.

Luc

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