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Disques

Clogs – Thom’s Night Out

CLOGS – Thom’s Night Out
(Brassland/ Chronowax)

CLOGS - Thom's Night OutOn peut affirmer sans exagérer que le "Thom’s Night Out" des Clogs est de ces disques qui justifient l’existence du présent site, et le temps qu’on y consacre. Objets de notre prosélytisme cette fois-ci, quatre Américains inconnus, à l’allure aussi ordinaire qu’un Speed the Plough ou qu’un Low, auteurs pourtant d’une musique proprement inouïe, qui se joue des genres et des chapelles. On pourrait parler de post-rock par facilité, parce qu’effectivement ce n’est pas du rock, et que cette dénomination est suffisamment floue pour englober ce genre d’ensembles inclassables ; trouver quelque ressemblance avec les Rachel’s ou le Boxhead Ensemble, voire, en extrapolant un peu, avec le Penguin Cafe Orchestra ou les morceaux les plus audacieux de Yann Tiersen ; évoquer le classique, la musique de chambre, et aussi les répétitifs/minimalistes américains, parce qu’il y a du violon, de l’alto, du basson, et que les huit longs morceaux de l’album sont instrumentaux, excepté quelques "la la la" anonymes sur "I’m very sad" ; préciser que les Clogs sont sur le même obscur label (Brassland) que The National, groupe distingué ici même à plusieurs reprises – sauf que leurs musiques respectives n’ont pas grand rapport.
Mieux vaut dire simplement le rare bonheur que nous procure l’écoute attentive de ce disque, à la fois varié et homogène : chaque pièce y apparaît comme un mouvement d’un ensemble, tout en se distinguant subtilement des autres. Ici, on décèle des traces de folklores d’Europe de l’Est, d’Asie ou d’Afrique du Nord ; là, on se croirait chez les laborantins de Chicago ; un peu plus loin, on pense à Chostakovitch. Influences suffisamment diffuses pour que ce groupe paraisse ne rien devoir à personne. D’un morceau à l’autre, c’est un instrument différent qui domine, parfois deux, tandis que d’autres s’effacent. Baigné tout du long d’une même lumière automnale, dégageant une mélancolique douceur parfois contrariée par quelque percussion arythmique ou quelque archet impétueux (le très déstructuré "Sadness and obsession", qui chasse sur les terres des compositeurs contemporains les plus arides, tel Morton Feldman), le disque offre une variété stylistique qui ne tourne jamais à la démonstration vaine.
Pour faire bref : "Tom’s Night Out" est une merveille surgie du néant, et qui mérite mieux que d’y retourner. Pour oreilles grandes ouvertes.

Vincent

A lire également, sur Clogs :
la chronique de « Lantern » (2006)
la chronique de « Stick Music » (2004)
la chronique de « Lullabye for Sue » (2003)

Yeri Ali
Mysteries of Life
Thom’s Night Out
My Husband’s Village
I’m Very Sad
Four Blue Poles
Sadness and Obsession
Ukifune

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