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Interviews

Interpol – Interview

INTERPOL

InterpolA première écoute, pas de grande surprise à l’écoute du successeur de « Turn On The Bright Lights », « Antics ». Même climats sombres, guitares au hachoir et voix sépulcrale. Au fil des écoutes, quelques nuances apparaissent, comme une subtilité et une concision mélodique plus affirmée ou la voix plus assurée du chanteur, Paul Banks. Paul Banks, qui après son acolyte Daniel Kessler en 2001, s’est prêté au jeu de l’interview. Il est 18h, c’est son avant-dernière interview de la journée, il réclame une nouvelle bière et répond avec grand sérieux à mes questions.

Ma première question n’est pas très originale… on ressent une pression particulière avant de réaliser un deuxième album, après un premier qui a très bien marché ?
(il tousse). Non, non, ça n’a pas été difficile, et nous n’avons ressenti aucune sorte de pression. D’abord parce que nous avons été en tournée pendant très longtemps, dans l’impossibilité d’écrire la moindre chanson. Quand nous sommes revenus chez nous, dans notre studio de répétition à New York, nous avons écrit de nouvelles chansons très rapidement, parce que nous n’avions pas pu le faire depuis seize mois. Ce n’était pas du tout « oh zut, nous n’avons pas d’idées », tout allait très vite. Nous avions tant de confiance en nous-mêmes… Si nous avions eu du mal à composer de nouvelles chansons, effectivement, nous nous serions mis à douter, mais elles étaient là, elles étaient bonnes, donc le problème ne s’est pas posé. Nous étions concentrés, nous étions trop occupés à penser à ces chansons pour nous soucier de ce cap du deuxième album. En outre, nous ressentions une grande impatience à cause de toute l’incompréhension qu’a générée le premier album auprès de beaucoup de gens. Nous avions l’envie de dire : « voilà qui nous sommes réellement. Peut-être que vous n’avez pas pu le comprendre jusqu’à présent, voici de nouvelles chansons pour que vous le compreniez ».

Tu fais allusion aux sempiternelles comparaisons dont vous êtes l’objet depuis vos débuts ?
Oui, tout à fait. Par exemple, « Next Exit », la première chanson du nouvel album, était écrite à l’époque du premier, nous avons failli la mettre dessus. Et je me disais que c’était con, que si on l’avait mis, peut-être les commentaires des gens auraient-ils été différents, car elle dévoile un autre aspect d’Interpol. C’est ce genre de réflexions qui faisaient qu’on était très motivé pour cet album.

C’était frustrant de passer tout ce temps en tournée sans pouvoir écrire de nouveaux morceaux ?
Oui, ça l’était en un sens. J’ai perdu des idées de parties vocales, par exemple, et puis je me suis acheté un Dictaphone, pour pouvoir enregistrer toutes les idées de mélodies qui me venaient. Mais d’un autre côté, il y a tellement de choses à faire quand tu es en tournée qu’écrire des chansons ne pouvaient pas vraiment me manquer. Je prenais ma guitare et j’écrivais des morceaux tout seul, certes. Et Daniel aussi. Mais pas en tant que groupe. C’était plus une partie de notre jardin secret, quelque chose dont on a vraiment besoin en tournée.

Des chansons comme « A Time To Be So Small » ou « NARC » sont plus anciennes…
Oui, elles sont vieilles. « A Time To Be So Small » date de 1999 par exemple. Mais nous l’avons beaucoup faite évoluer. Sam ne faisait pas partie du groupe à l’époque, il ne l’avait jamais jouée. Daniel et Carlos voulaient vraiment qu’on la joue à nouveau. Nous ne savions pas si nous allions la mettre sur le disque. Cela ne m’intéressait même pas forcément de l’enregistrer. Elle était si ancienne. Et puis nous l’avons retouchée, rendue plus concise, lui avons ajouté une partie, et j’ai dit « cool, allons l’enregistrer en studio ». Et une fois enregistrée, j’ai vraiment voulu qu’elle figure sur le disque, car elle avait vraiment atteint un autre niveau, elle sonnait bien, de manière immédiate, avant même d’être mixée.

Il y a d’autres chansons comme cela que vous avez laissées de côté au fil du temps ?
Oui, il y en a. Elles pourraient resurgir sur un prochain disque. De très vieilles, seulement une ou deux ne sont jamais sorties. Mais en fait, nous n’avons pas tant changé que cela en tant que groupe. « PDA » est une des premières chansons que nous ayons écrites par exemple, et nous ne considérons pas qu’il s’agit d’une vieille chanson qui ne serait pas représentative. Musicalement parlant, nos morceaux les plus anciens sont aussi représentatifs que les nouveaux. Nous n’avons donc pas de problème à faire figurer un ancien morceau sur un nouvel enregistrement, tant qu’il est bon.

Tu as évoqué la confiance que tu ressentais dans le groupe.. Qu’est-ce qui vous a apporté cette confiance ? les tournées, le succès ?
Non, juste… Nous savons quand nos chansons sont bonnes, c’est une sorte de confiance en nos capacités. Nous n »essayons pas de faire des tubes, nous essayons juste d’écrire nos chansons, et nous avons confiance dans notre capacité à travailler ensemble, à avoir des idées ensemble.

Quel est le processus d’écriture de vos morceaux. Qui apporte la première idée ?
La plupart du temps, c’est Daniel. Ensuite, Carlos va composer une ligne de basse qui va tout changer ou alors, je vais jouer une partie de guitare par dessus, qui va influer sur la ligne de basse que va trouver Carlos, ou Sam va jouer une rythmique bizarre, qui va trancher avec celle que Daniel avait imaginée en écrivant sa partie… Nous ne sommes pas possessifs. Chacun écrit sa propre partie, mais en même temps, c’est très interactif, il va m’arriver de jouer une partie qu’a composée Daniel, et vice versa.

Par contre, tu écris les paroles. Elles sont parfois assez mystérieuses, en tout cas pour moi. J’ai lu quelque part que tu les résumais par ces deux mots : « Fear » et « Sex »…
Oui, c’est vrai, le mieux que je puisse dire pour les décrire, c’est de dire qu’elles parlent de relations. « Fear and Sex », c’est peut-être la façon la meilleure dont je l’ai exprimé. Quand je parle de relations, ça englobe la solitude, la jalousie, la peur, le sexe, l’amour, la perte… Je pense que les émotions les plus intenses qu’on ressent dans la vie sont presque toujours dues à nos expériences avec d’autres personnes, ou à l’absence d’autres personnes. La peur et le sexe sont peut-être les deux émotions les plus fortes qu’on ressent dans une vie. Je n’écris pas de chansons politiques, je n’écris pas de chansons sur le fait de marcher dans la rue et d’y trouver un putain de chapeau doré (sic), je n’écris pas de chansons de ce genre, j’écris d’un point de vue plus émotionnel, je pense.

Tu les écris en te laissant influencer par l’ambiance de la musique, ou à part ?
Les deux ! L’ambiance de la musique va influer sur l’idée initiale. Et je commence toujours à partir d’une mélodie. Quand j’ai écrit « Evil » par exemple, nous avions la ligne de basse, et je suis parti d’un motif rythmique (il chantonne de manière hachée la mélodie du morceau), c’est ce qui arrivé en premier, et ce motif rythmique conditionne la mélodie, et parfois, d’une manière assez abstraite, influence le thème de la chanson. Je commence à penser à la mélodie pendant que nous écrivons la musique, mais je n’écris vraiment les paroles qu’après. Parfois, j’ai une idée mais je la garde en réserve et si elle me semble vraiment bonne.

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