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Luna – Interview



Dean, Luna, taken from http://www.fuzzywuzzy.comCette interview, on savait déjà qu’on ne la terminerait pas par la question rituelle : « Et pour finir, quels sont vos projets ? ». Car quelques jours plus tôt, Dean Wareham, chanteur-guitariste de Luna, avait annoncé que le groupe splitterait après ce nouvel et septième album, « Rendez vous » (Jetset/Discograph), et la tournée qui suivrait. Sage décision, penseront sans doute certains, qui trouvaient que Luna tournait depuis longtemps en rond – ou en orbite. Certes, le groupe, pas franchement adepte des remises en question radicales et des bouleversements stylistiques à la façon de Radiohead ou Björk, aura un peu stagné après « Bewitched » et « Penthouse », cimes de sa discographie et classiques instantanés des années 90. Mais on retrouvait toujours avec plaisir, tous les deux ou trois ans, ce rock à guitares élégant et instruit, définitivement hermétique aux modes. L’homme est à l’image de sa musique : un mélange de détachement et de passion, une coolitude jamais affectée, un humour « tongue-in-cheek » typiquement new-yorkais – autant que son accent, qui a rendu difficile la retranscription de certaines de ses réponses. Dernière rencontre délicieuse avec le leader de Luna, donc, qu’on espère bien retrouver sous d’autres atours dans le futur.

Vous avez décidé de vous séparer après cet album et la tournée qui suivra. Pourquoi ?
On a pris la décision ensemble il y a quelques mois. Elle peut sembler inattendue, mais je crois que les gens qui ont fait partie d’un groupe comprennent. C’est dans l’ordre des choses. Il n’y a pas eu d’incident déclencheur, on ne se déteste pas les uns les autres… C’est juste qu’on a fait sept albums et que c’est peut-être suffisant (rires). Etre dans un groupe, ce n’est pas une vie facile. Bon, je ne me plains pas, je n’ai jamais eu d’autre boulot. En même temps, aucun d’entre nous n’a pu mettre d’argent de côté pendant toute cette période… C’est vrai aussi que j’ai envie de faire des choses différentes, ce qui était impossible jusqu’ici car j’étais trop occupé par le groupe. On m’a proposé des rôles au cinéma que j’avais dû refuser car j’avais des concerts qui tombaient au même moment. Là, j’ai joué récemment dans un film, « Piggie ». Le problème, c’est que je perds de l’argent quand je joue au cinéma et que j’en gagne quand même en faisant de la musique. Donc, je crois que je vais plutôt continuer dans la musique.

Luna est le groupe « culte » par excellence. Aurais-tu préféré un succès plus large ?
Je n’ai jamais rencontré quelqu’un qui ne souhaiterait pas gagner plus d’argent (sourire). C’est notamment pour ça que je regrette qu’on n’ait pas eu plus de succès. Ça nous aurait permis de vivre un peu plus confortablement, d’avoir une assurance santé… Mais je n’ai jamais cherché à être célèbre, ça doit être horrible quand tout le monde te reconnaît. Il y a quelques jours, il est arrivé quelque chose d’étrange à Sean, notre guitariste : il a été agressé dans la rue par deux types et frappé au visage avec quelque chose, il ne sait pas quoi. Il a une fracture à la pommette. Ce n’est pas trop grave mais le problème, c’est qu’il n’a pas d’assurance…

Il y a eu récemment de nouvelles sorties de Galaxie 500, ton groupe précédent : un DVD, une compilation de raretés, faisant suite à un tribute sur Elefant Records. Rétrospectivement, as-tu le sentiment d’avoir fait partie d’un des groupes les plus influents de son temps ?
En tout cas, le groupe est sans doute plus populaire aujourd’hui qu’à l’époque où il existait ! Les disques ont été longtemps indisponibles, ce qui, d’une façon un peu perverse, nous a servis, en créant une sorte d’aura mystique autour de Galaxie 500. Nous ne sonnions pas typiquement comme un groupe de la fin des années 80, c’est pourquoi notre musique ne paraît pas datée aujourd’hui. Je reste fier de nos disques, mais je ne peux pas dire si les gens les écouteront encore dans quinze ans. En tout cas, sortir des archives permet d’entretenir la légende. C’est bien que le DVD existe, car en vidéo ça ne rendrait pas aussi bien. Les images, à l’origine, sont déjà d’une qualité discutable (sourire).

Il y a eu plusieurs changements de line-up dans le groupe en douze ans. Pourquoi ?
En fait, il n’y a que deux musiciens qui sont partis : le batteur et le bassiste, tous les deux pour la même raison. Stanley (Demeski, ex-Feelies, ndlr), notre premier batteur, avait deux enfants et était plus âgé que nous. Pour nous qui avions 25 ou 30 ans, ce n’était pas un problème d’aller jouer à Tokyo ou ailleurs, mais avec lui il fallait toujours négocier. Justin (Harwood, ex-Chills, ndlr), lui, a quitté le groupe quand sa femme est tombée enceinte.

Es-tu le seul maître à bord de Luna ?
Non absolument pas. Luna repose vraiment sur une collaboration entre quatre personnes. D’ailleurs, si les groupes s’arrêtent, c’est souvent parce qu’au fil des ans, cette collaboration devient de plus en plus difficile. Il y a de bons côtés, on se soutient les uns les autres, mais ça peut aussi être fatigant quand il faut se réunir pour choisir le titre du prochain album… Franchement, je suis incapable de dire aux autres ce qu’ils doivent jouer. Bon, quand je trouve ça horrible, je le dis, mais ça s’arrête là. C’est plutôt Justin qui tenait ce rôle-là quand il était encore dans le groupe, il était plus directif et avait toujours beaucoup d’idées d’arrangements. Pour résumer, j’écris la plupart des chansons, mais chacun apporte sa pierre.

D’ailleurs, Sean chante sur deux morceaux du nouvel album, « Broken Chair » et « Still at Home ». Ce dont on ne s’aperçoit pas forcément à la première écoute tant vos deux voix sont proches.
Oui, c’est drôle, j’ai fait écouter le disque à une amie et elle m’a écrit que ses deux morceaux préférés étaient justement ceux-là, parce que je chantais vraiment bien (rires). Sean a une très belle voix, c’est sûr.

 

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