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Disques

Robert Wyatt – Theatre Royal Drury Lane

ROBERT WYATT – Theatre Royal Drury Lane
(Ryko / Naïve) [site] – acheter ce disque

ROBERT WYATT - Theatre Royal Drury LaneParmi les fantasmes des fans de rock, un concert de Robert Wyatt est sans doute à placer au même rang qu’une reformation des Smiths ou un nouvel album de Syd Barrett – et la chose est, hélas, à peu près aussi improbable. On peut se consoler en écoutant ce live enregistré le 8 septembre 1974, qui paraît aujourd’hui officiellement après avoir beaucoup circulé sous le manteau. A l’époque, le barbu de Canterbury était déjà cloué dans un fauteuil roulant, après être tombé d’une fenêtre le 1er juin 1973 : ce concert (dont est ici repris l’essentiel) fut donc l’un de ses derniers, si ce n’est le dernier. Comme si cela n’était pas assez émouvant, c’est le regretté John Peel, fan de la première heure, qui présente les musiciens, dans une introduction où l’on ne comprend pas tout, mais qui fait bien rire le public. Lesquels musiciens amis sont évidemment la crème de la crème, recrutés dans le riche vivier progressif/avant-gardiste/free jazz de l’époque : Nick Mason, le batteur de Pink Floyd, Fred Frith, alors membre de Henry Cow, Mike Oldfield, qui venait de cartonner avec le fameux "Tubular Bells" et n’avait pas encore sombré dans la soupe new age, ou encore le trompettiste Mongezi Feza (décédé l’année suivante), qui mêle ses longues improvisations à l’étrange scat de Wyatt.
On retrouve sur cet enregistrement des titres de Soft Machine, Matching Mole et Hatfield & The North (groupes cousins), quelques morceaux écrits par les musiciens qui l’accompagnent, ainsi qu’une reprise du "I’m a Believer" de Neil Diamond (popularisé par les Monkees), dont la version studio fut l’un des rares tubes de Wyatt. Mais ce qui fait tout son intérêt, c’est bien sûr la présence des six chansons du mythique "Rock Bottom", paru la même année. La première face est même jouée dans un ordre identique (la suite "Sea Song"/"Last Straw"/"Little Red Riding Hood Hit the Road").
C’est l’occasion non pas de réévaluer ce disque, qui reste l’un des incontestables chefs-d’œuvre des années 70 (lauréat du prix Charles-Cros en France !), mais peut-être de le réécouter différemment à la lumière de cette interprétation. Là où l’on entend généralement un homme au fond du désespoir (à peu près le sens de "rock bottom") et aux portes de la folie, "une plongée dans les replis d’une voix humaine" (François Gorin), il est peut-être plus juste de célébrer un extraordinaire hymne à la liberté à travers le rejet de tous les carcans formels – de la pop, du jazz, de la chanson à texte… C’est en tout cas ce qui ressort de ces versions live, au moins aussi intenses que les originales, "nouveaux" témoignages du génie de l’ermite anglais.

Vincent Arquillière

Introduction by John Peel
Dedicated to You But You Weren’t Listening
Memories
Sea Song
Last Straw
Little Red Riding Hood Hit the Road
Alifie
Alifib
Mind of a Child
Instant Pussy
Signed Curtain
Calyx
Little Red Robin Hood Hit the Road
I’m a Believer

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