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Subtle – Yell & Ice

SUBTLE – Yell & Ice
(Lex Records) – acheter ce disque

SUBTLE - Yell & Ice Chaque fois que je découvre un nouveau Subtle, la même nostalgie me saisit. Je regrette un temps révolu, celui des débuts d’Anticon où le rappeur Dose One et le producteur Jel, l’ossature du groupe, révélaient derrière la pochette au style hard rock de l’album  »Them » un hip hop catchy, barré et inédit dont leur groupe Subtle n’est qu’un pâle descendant. Ce n’est pas l’orientation moins rap qu’ont prise les deux compères qui gêne. Leur compère Why? a suivi la même tangente avec infiniment plus de réussite. Et déjà, du temps de  »Them », il y avait quelque chose à même d’interpeller les fans de pop et de rock. Tiens, moi, par exemple. C’était même du « hip hop pour les fans de Radiohead », m’avait alors dit quelqu’un qui en pensait du mal, à juste titre. Non, ce qui pose problème aujourd’hui avec Subtle, c’est plutôt ce trop-plein d’instruments et de compositions qui charge la barque, qui fond le flow si singulier du rappeur dans un magma musical trop dense. C’était le cas sur  »For Hero: For Fool », pourtant leur meilleur album, et ça le reste sur ce  »Yell & Ice » qui en est une refonte (peu reconnaissable) en compagnie de chanteurs issus de groupes aussi divers que Hood, Why?, TV on the Radio, The Notwist et Wolf Parade.

Ça donne envie quand on lit tous ces noms à la file, ça porte la marque du bon goût. Mais le résultat est contraire aux espérances. Tous ces chanteurs rajoutent encore un ingrédient à cette formule déjà bien trop chargée, à cette musique qui serait absolument irréprochable s’il ne lui manquait pas l’épure, le dépouillement et la simplicité. Quand on est un rappeur au flow aussi malléable et versatile que Dose, il ne manque plus grand-chose. Un beat qui tue par-dessus ses exercices de style vocaux, comme Jel sait si bien en faire, et (hip) hop, l’affaire est dans le sac. Mais ici, il n’est plus que ce rappeur pénible qui couine et fait l’intéressant derrière les chants harmonieux de ses camarades, alors qu’il devrait rester en permanence au centre du propos. Son phrasé ne colle pas aux mélodies de ses amis, sa voix de canard jure auprès de leurs jolis timbres. Tout cela porte les marques du mauvais crossover : celui qui ajoute absolument tous les éléments des deux genres dont il s’inspire, sans en retrancher certains, sans les mesurer, sans les utiliser avec retenue. Sans suffisamment les – hum – doser.

Sylvain Bertot

A lire également, sur Subtle :
la chronique de « Exiting Arm » (2008)
la chronique de « For Hero: For Fool » (2006)

Falling (feat. Why ?)
Middleclass Haunt (feat. Dan Boecker)
Deathful (feat. Tunde Adebimpe, Andrew Broder & Dosh)
Island Mind
The Pit Within Pits (feat. Markus Acher)
Cut Yell
Not
Sinking Pinks (feat. Chris Adams)
Requiem for a Dive

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