Bâtie initialement pour accompagner la venue de Trespassers William, la soirée proposait (à prix doux, il convient de le signaler) une affiche cohérente et de belle qualité, qui aurait peut-être mérité une assistance plus dense. C’était l’occasion de découvrir Farewell Poetry, qui semble être le nouveau projet de Frédéric Oberland, faisant suite au split de 21 Love Hotel. La formation est déjà plutôt impressionnante, naviguant sur de longues plages entre passages slow-core ou aériens, et tumultes orageux et distordus sur fond de spoken-word. Pour finir en paroxysme sur une performance filmique sombre et torturée, que d’aucuns auront jugée peut-être éprouvante sur la longueur, mais quand on aime la beauté convulsive, on ne compte pas, c’est ce qui fait le charme aussi ! A suivre de près donc.
Pour sa première prestation sur notre sol (malheureusement en partie ratée par votre serviteur), Glissando nous offrira une autre forme de mélancolie, plus languide, comme de délicats appels d’une sirène cherchant son marin (ou le contraire), et créant une ambiance paisible et presque tendre. Encore peu connus ici, ils apparaissent en tout cas comme des gens de bonne composition, dans tous les sens du terme. Donc revenez quand vous voulez les gars !
Que dire concernant ensuite Heligoland. Ils ont déjà été soutenus dans ces colonnes, et ce n’est pas maintenant que ça va s’arrêter. Ils livreront des versions plutôt dynamiques (du moins par rapport à d’autres prestations auxquelles j’ai pu assister) et totalement convaincantes, y compris pour ceux qui les découvraient à cette occasion, si j’en juge les commentaires flatteurs de mon entourage. Indéniablement, ce groupe a quelque chose. Et si leur nouvel album (qu’on espère imminent) est à la hauteur de ce qu’ils ont produit ce soir-là, je ne répond plus de rien. Faites vite, please, même s’il ne le sait pas encore, le monde vous attend !
Malgré l’heure tardive et le stress du dernier métro qui en découle, Trespassers William apportera enfin une digne conclusion à la soirée, entouré de la ferveur recueillie d’un parterre de contemplatifs peut-être un peu fatigué, mais pas malheureux d’être là quand même, face à une Anna-Lynne Williams qui essayait de nous convaincre qu’elle souffrait de la gorge, pour aussitôt se contredire par son chant d’une beauté religieuse (ou comment créer une ambiance de cathédrale dans une chapelle). Elle sera également rejointe par les membres de Glissando pour une reprise chorale du « Videotape » de Radiohead, qui bien sûr ne contribuera pas à diminuer l’intensité émotionnelle de ces derniers instants.
De quoi se dire qu’on aura passé pour cette première édition un petit moment privilégié qu’on espère voir se reproduire, sous une forme ou une autre.