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Disques

Cant – Dreams Come True

CANT - Dreams Come True

Après Daniel Rossen, le simili-Elvis de Grizzly Bear, c’est au tour de Chris Taylor de s’émanciper de la maison-mère. Le premier aura donné, avec Department of Eagles, une ballade doo-wop d’anthologie : « No One Does It Like You », le second assisté de George Lewis Jr (Twin Shadow) réussit sous le pseudonyme de Cant un album hélicoïdal à la fois plein et creux, alangui et crispant. Les chats ne faisant pas des chiens, on retrouve la touche sonique de l’ours pitchforkisé dont Taylor est le bassiste-producteur : trame rythmique proliférante et lâche, instruments disjoints, espaces en jachère puis saturés de sons. On peux légitimement tiquer devant certains ; le piano Radiohead à l’identique de « Bericht », l’affreux Hammond pétomane qui empuantit « The Edge ».

Mais pour le reste, reconnaissons classe et recherche dans la démarche fuligineuse de Taylor : rendre hommage en tordant le bras, marier les genres si possible carpe et lapin. « Dreams Come True », c’est le jardin des styles qui bifurquent. « Believe » invite « Trans-europe-express » sur une nu-soul comateuse. « She’s Found A Way Out » joue la carte acoustique du feu de bois avant d’asséner un énorme refrain indus à cordes sépulcrales. Encore plus fort, « Dreams Come True » ressuscite en quatre minutes sur fond de sabbat le meilleur de « Pre-Millenium Tension ». Les beats sont schizoïdes, les basses échappées de Lovecraft, et les guitares parlent le Gévaudan en première langue. Qui aurait cru que le poupon boudeur de Grizzly Bear avait autant de noir à l’âme ? Ce qui ne lui interdit pas une suavité sans pareille à l’occasion. « Too Late, Too Far » carillonne de percussions world transgéniques, et son chaloupé Japan nous semble irrésistible (c’est bien simple, les renforts de clavier à mi-morceau nous font l’effet de Salomé quittant enfin son dernier voile du haut).

Pas sûr que nous rendions grâce au prochain Grizzly Bear avec autant d’allant, mais en attendant, faisons nôtre le déclinable slogan d’Obama, bien embêté sur son versant (Strauss)-Kahn, et clamons haut et fort : « Yes, we Cant !!! »

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