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Grand Souk All VIP, édition 2012

Festival Le Grand Souk, édition 2012

Le festival, situé à Ribérac en Dordogne, connaissait la quatrième édition de son histoire. Dans un cadre absolument charmant, il a une fois de plus confirmé sa qualité, tout en offrant un environnement et une ambiance très agréable.

Je quitte Bordeaux le vendredi après-midi, un peu angoissé par les prévisions de ce bon vieux Bison Futé qui m’annonce du rouge partout. Heureusement, il a eu tort, et je peux donc m’élancer sans problème sur la route (une centaine de kilomètres), même si j’arrive à m’égarer – j’avais éteint le GPS… -. Enfin bref, après quelques circonvolutions, j’arrive à bon port, ça tombe bien, JC Sàtan va commencer.

Je me dirige vers la scène, ce qui me permet d’apprécier la taille modeste du site, ce qui le rend d’autant plus agréable qu’il ne déborde pas de monde. Il y a des arbres, de l’herbe, de la (bonne) bière, que demander de plus ? JC Satàn, pourquoi pas. Pas des inconnus pour moi, c’est certain : c’était même un très bon souvenir de fin 2011. Confirmé, en grande partie, sur la petite scène à l’abri d’un très grand arbre (la scène s’appelle Ginkgo, du nom d’un grand arbre justement). Les titres sont toujours joués avec cette ardeur, cette envie et énergie un brin malsaine, qui donnent, fort à propos d’ailleurs, un côté diabolique à ces titres où guitares lourdes et batterie puissante se taillent la part du lion. Peut-être que la musique de JC Satàn se prête mieux à l’écoute en intérieur, mais la prestation ne souffrait d’aucun défaut.

La suite, c’est Eiffel. Euh… Le bon moment pour aller manger donc. La nourriture est bonne, tout comme le vin que je bois, bref, la vie est belle à Ribérac. Juste un mot sur le groupe Eiffel donc : bravo pour être venu des Francofolies de Spa jusqu’à la Dordogne, directement, ça fait une trotte mais ils avaient l’air frais.

Je ne dirais pas que le chanteur de Magnetix m’a semblé frais. Il semblait possédé… et c’est comme ça que Magnetix frappe et marque les esprits. C’est du rock, pur et dur, sans aucune fioriture, c’est éructé, frappé, hurlé, bref c’est primaire et ça prend au corps. Une confirmation, si besoin était, de la force de frappe de Magnetix.

La suite, c’était The Rapture, mon coup de coeur un peu surprise du Primavera. Enfin, disons que je n’avais jamais vraiment écouté avant, ceci expliquait cela. Bref, me voilà en train de m’avancer vers la grande scène pour ce qui semble être la tête d’affiche de la soirée. Il y a du monde, mais finalement suffisamment peu pour pouvoir respirer sereinement, danser aussi. Parce que ça se danse, The Rapture. Ils l’ont confirmé, c’était très propre et parfaitement efficace, du début sur “In the Grace of Your Love” jusqu’au final sur “How Deep Is Your Love”, totalement irrésistible.

La suite, c’était Civil Civic, sur la petite scène, au demeurant très agréable. Si le public est plutôt peu nombreux au début, ça monte vite en température, et c’est normal, car c’est terriblement addictif comme musique. 100% instrumentale, elle vient de ce duo d’Australiens, qui s’excitent sur leur basse et leur guitare et suivent le tempo d’une boîte à rythme qui donne à l’ensemble l’allure d’un train fou qui fonce dans le noir. C’est acéré au possible, tout est tranchant dans ces mélodies électrisantes, jouées par deux musiciens très sympathiques, qui communiquent très bien cette excitation. « Run Overdrive », « Street Trap », « Grey Nurse » ou « Lights on a Leash » sont autant de tubes potentiels, pour peu que vous aimiez les rythmes enlevés et la cold wave jouée à fond de caisse. Et si vous pensez que vous n’aimez pas… pensez de nouveau.

Bon, il se fait tard, j’en ai déjà pris plein les oreilles, je me dis que je dois rentrer, car bon, j’ai une grosse heure et demie de route à faire. Mais je veux voir The Shoes, je reste. Mais je ne comprends pas : parti plein d’enthousiasme, je reste totalement imperméable à la musique du duo rémois. Suis-je trop fatigué pour apprécier ? Sans doute. Le sont-ils également ? Si l’on regarde leur planning de tournée, ils auraient le droit. Je tenterai peut-être une autre fois….

En attendant, je retrouve ma voiture, roule sur des routes implacablement sombres et regagne mon lit sur le coup de 3h30. Aïe.

Samedi 21 juillet

Je rejoins Benoît, l’éminent représentant de POPnews en terre angoumoisine, qui vient m’épauler pour cette journée qui s’annonce très différente. Le coup d’envoi, c’est Botibol, que j’ai souvent vu et apprécié : le public est encore clairsemé, mais ça ne va pas tarder à se remplir (au final, le samedi aura accueilli 1000 spectateurs de plus que le vendredi, soit 2500).

(BC) Content de te voir Mike. Après avoir moi aussi fait le tour du propriétaire et consommé ma petite coupe de champagne rosé, je rejoins un des grands millésimes de l’année, à savoir Botibol. Sur scène, les chansons prennent une belle patine. Ce qui impressionne le plus, outre la présence scènique très statique, c’est la voix de Vincent Bestaven ainsi que son jeu de guitare parfait. De beaux élans jaillissent ici et là, notamment sur de splendides intermèdes à l’image de  « Stern Faces », rappelant les fulgurances folk d’un Neil Young et plus près de nous des autres Fleet Foxes. Le set est assuré, le son parfait. Les choeurs et les touches de bugle épaississent un peu le tout. Je suis très agréablement surpris par la qualité des compositions. Ici pas d’automatisme ou de chemin balisé : le groupe d’émancipe jusqu’à étendre les compositions qu’on retrouve sur « Born From a Shore » ainsi que sur le récent EP “The Wild Cruises”, qui nous emmènent sur les rives du Mississipi ou en direction des mortes vallées de Joey Burns et de John Convertino. Après cette agréable entrée en matière, je file voir la Grande Sophie.

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(BC) La Grande Sophie, tout le monde la connait sans vraiment bien savoir qui elle est malgré une discographie bien achalandée et une carrière bien entamée. Ça ne colle pas nécessairement à l’image de POPnews mais, en petit curieux, je m’aventure sur la Grande Scène. La Grande Sophie propose des chansons accrocheuses, spontanées, qui vont droit au but. Le concert n’est pas désagréable même si le coté Rock FM un peu lisse à la Superbus peut être parfois un tantinet pompeux. Le début du concert a un peu de mal à prendre. Qu’à cela ne tienne, la Grande Sophie sort de ses gonds en n’hésitant pas à solliciter le public, allant même jusqu’à le provoquer un peu. Musicalement il n’y a pas de fioritures. Pas trop d’effets, pas de superpositions superflues. Certains titres sont chantés par le public. “Ne m’oublie pas” et bien-sûr “ Du courage”, rentré à priori dans la conscience collective, puisque celui-ci a paru en 2004. Lorsqu’on se replonge dans la discographie de la Grande Sophie “La place du Fantôme” est sans nul doute le meilleur disque de la grande dame. Ainsi ce soir, les nouveaux titres « Sucrer les fraises » ou « Suzanne » ont fait eux aussi leur petit effet.

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(MC) Odezenne arrivent avec une belle réputation, mais moi, je ne les ai encore jamais vus. Du coup, la claque est d’autant plus magistrale : c’est du hip-hop en français hyper bien fait, c’est punchy sans jamais baisser de rythme, les textes sont aussi acérés que les rythmes et le groupe a une scénographie travaillée (avec une “danseuse-marionnette” qui se dépense beaucoup au fond de la scène) qui prouve que Odezenne n’a pas volé ses premiers lauriers, et a le potentiel pour en glaner d’autres.

(BC) Alors qu’Hollie Cook s’essaie à chanter dans un premier temps puis avec un peu de justesse dans un deuxième, je tente vainement de me concentrer sur le show. Le groupe est bon, mais Hollie Cook se recroqueville dans sa coquille jusqu’à devenir quasi absente laissant le groupe faire le plus gros du travail. Il est temps de retrouver la surprise du soir à savoir Mustang qui remplacera Camille.

(BC) On a beaucoup parlé de Mustang cette année. Des clips bien faits, une vieille manie pour les reprises inattendues et un album, “Tabou” dignement salué et remarqué. Ca envoie tout de suite très vite. Osé que de sortir un album qui traverse à toute allure le rock des années 50 à 80 avec un écart vers le blues et le rockabilly. En plus de ça, les trois lascars en jouent à foison, à commencer par son chanteur Jean Felzine, à la gomina bien répartie, le peigne jamais très loin, et les instruments d’outre-tombe qui vont avec. C’est très bon. Ca swingue, c’est un peu désuet par moment, ça sent la guimauve et les hormones à plein nez. Jean Felzine fait une grosse partie du boulot par sa belle présence scénique, son jeu de guitare appuyé et ses remarques désopilantes qu’il ne fallait surtout pas prendre au premier degré. Ça commence à se trémousser sur les rythmes entêtants de « La princesse aux petits pois ». Tout comme moi, Clémence, la chanteuse de La Femme, dans une tenue antédiluvienne, était au devant de la scène et avait l’air d’apprécier. On a eu droit à un concert très énergique qui m’a permis de découvrir ce très bon groupe de scène.

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 (MC) C’est à voir les abords de la grande scène vraiment bondés que je comprends qu’Orelsan est devenu une superstar à l’échelle française. Alors, ce n’est pas trop ma came, mais je reconnais au musicien et son groupe un vrai mérite, à plusieurs niveaux : mise en scène, énergie, générosité, c’est un peu le spectacle d’un post-ado qui met dans une grande marmite toutes ses humeurs, coups de gueule et souvenirs. Le tout est un peu éclectique, entre hip-hop, rock et grandes déclamations. Le public a apprécié, et l’ensemble m’a laissé plutôt une impression positive, celle d’un entertainer généreux et content d’être là.

(BC) C’est l’heure du dernier concert pour nous. La Femme arrive sur la petite scène. Des nappes de synthés déboulent. Le son métallique part un peu dans tous les sens. La guitare électrique épouse les circonvolutions des cyclades électroniques des multiples claviers. Ces prouesses sonores n’empêchent pas néanmoins au bout de quelques minutes de voir apparaître une certaine redondance dans les compositions qui gagneraient un peu à plus de souplesse.

Le festival touche à sa fin. La programmation aura été une fois encore assez audacieuse, s’ouvrant à tous les styles. Le festival du Grand Souk a réussi le défi de mêler les publics et les genres sans tomber dans une programmation sans âme. Il est important de rappeler ici la qualité de ce site arboré à taille humaine et à l’accueil irréprochable. A l’année prochaine donc et félicitations aux organisateurs.

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