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Interviews

Hooton Tennis Club – Interview

Hooton Tennis Club est de retour avec un album, “Big Box of Chocolates” bourré de singles potentiels. Avec Edwyn Collins aux manettes, pas étonnant que leurs pop songs, enregistrées sur du matériel vintage, sonnent plus léchées et mélodiques qu’avant. Les quatre de Liverpool étaient de passage à Paris pour un concert au Supersonic. Nous avons sauté sur l’occasion pour interviewer le groupe au complet. Ils nous parlent aussi bien de leur collaboration avec Sir Edwyn que de leur déclaration d’amour à l’ex-Kenickie, Lauren Laverne.

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L’écriture d’un premier album s’étale souvent sur une longue période, on choisit généralement parmi un bon stock de chansons. Comment s’est passée l’écriture de ce deuxième disque qui sort à peine un an après le premier ?

Ryan Murphy : On avait 80 % de l’album déjà composé avant d’entrer en studio. Un mélange de chansons qui dataient de l’époque du premier album et de compositions plus récentes. Pour le reste, nous avions quelques idées sur lesquelles nous avons improvisé en studio pour qu’elles se développent en véritables chansons. C’était le cas de “Frostbitten In Fen Ditton”.

James Madden : Nous avons bénéficié de trois semaines de studio en Ecosse, loin des distractions de Liverpool. Du coup nous avons eu du temps à consacrer à chaque titre car nous étions en studio 12 heures par jour.

Pourquoi vous êtes vous tournés vers Edwyn Collins pour produire l’album ?

Harry Chalmers : C’est Jeff Barrett, le patron de notre maison de disques, qui nous l’a recommandé. Ils se connaissent depuis longtemps car Edwyn a sorti des disques chez Heavenly et a aussi produit certains des artistes du label. Edwyn venait tout juste de terminer l’installation de son studio d’enregistrement à Helmsdale. Nous nous sommes réjouis à l’idée d’aller passer du temps là-bas.

Callum McFadden : Nous devions aller enregistrer à San Francisco initialement mais c’était trop loin de la maison pour nous (rires). Nous avions enregistré deux nouveaux titres avec Bill Ryder-Jones, producteur de notre album précédent. Ils sonnaient très bien mais Jeff a préféré que l’on sorte de notre zone de confort. De toute façon, Bill était tellement occupé avec sa tournée qu’il n’était pas certain qu’il puisse trouver le temps de travailler sur une longue période avec nous.

Comment s’est passée la collaboration avec Edwyn Collins ? Aviez-vous une idée précise du son que vous vouliez obtenir ?

James : Non, pas vraiment.

Ryan : Nous ne sommes pas arrivés les mains dans les poches. Nous avions des pistes tout en étant ouverts à des suggestions.

Harry : Il nous a beaucoup encouragés. Ses idées étaient une aide précieuse. Il est musicien et producteur depuis tellement longtemps qu’il sait instinctivement ce qui fonctionne ou pas.

Callum : A aucun moment il ne nous a pris de haut. Nous avons bénéficié d’une grande liberté.

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Votre son a pris de l’ampleur, était-ce une de vos envies de départ ?

Ryan : Je pense que c’est dû à l’équipement dans le studio.

Callum : Oui, tout a été enregistré en analogique avec du matériel des années soixante. Il y avait même un micro d’époque évalué à 10 000 £ ! Edwyn écoutait une prise, et s’il sentait que quelque chose pouvait être amélioré, il partait immédiatement dans son abri de jardin. Il revenait avec une guitare, une pédale d’effet ou un micro pour obtenir le résultat qu’il avait en tête. Son studio est une véritable caverne d’Ali Baba !

On sent vraiment que le groupe prend du plaisir à jouer sur ce disque. On sent une réelle cohésion. Avez-vous enregistré en live ?

James : Le studio d’enregistrement est si petit que nous n’avons pu enregistrer que la basse, la batterie et une seule guitare en live.

Ryan : Nous voulions enregistrer tous ensemble comme pour le premier album, mais c’était techniquement impossible.

Callum : Ce n’était pas plus mal car ça nous a permis de réfléchir à ce dont chaque morceau avait besoin en tentant plusieurs pistes. Cette prise de recul est moins évidente quand on joue tous en même temps. A moins d’avoir tout répété avant d’arriver en studio, enregistrer en plusieurs étapes différentes t’offre plus d’espace.

On sent également une grande spontanéité. Ce mot décrit-il votre mode de fonctionnement aussi bien pour l’écriture que pour le reste ?

Ryan : Je suis d’accord avec toi car rien n’est jamais gravé dans le marbre quand nous composons. Nous faisons beaucoup appel à notre force mentale (rires).

Vous semblez aimer les titres à rallonge et ou un peu étranges (“Kathleen Sat on the Arm of Her Favourite Chair”, “Much Quicker Than Anyone But Jennifer Could Ever Imagine”, “Bad Dream (Breakdown On St George’s Mount)”, “Bootcut Jimmy The G”). Pouvez-vous nous expliquer pourquoi, ou bien nous donner l’adresse de votre dealer ?

James : Je sais, c’est ridicule. Il arrive qu’on ne se souvienne plus du titre de certaines de nos chansons.

Ryan : Tout a commencé avec notre premier EP. Nous voulions de longs titres avec des noms de filles. Notre méthode était simple. Il suffisait de prendre une phrase au hasard dans un livre et d’y ajouter un prénom. Je t’avoue ne pas comprendre pourquoi nous avons procédé de la sorte, mais l’idée était originale.

Callum : C’est parce que nous nous intéressions aux méthodes de “cut up” de William Burroughs à l’époque. C’était notre façon d’essayer d’être “arty” (rire).

Ryan : Je me souviens, maintenant ! Nous lisions le livre de David Byrne, “How Music Works”. Il partait de ce principe où tu devais enregistrer huit morceaux, sans lien les uns avec les autres. Un jour punk, un jour électro, etc., dans l’unique but d’éviter une trop grande cohérence et de développer la spontanéité. Nous nous sommes inspirés de cette méthode pour nos titres de chansons.

Les Parrots, groupe psychédélique espagnol avec qui vous partagez le même label, m’ont beaucoup parlé de vous. Vous avez tourné ensemble. Vous vous essayez au psychédélisme sur “Statue of the Great Woman I Know”. Est-ce parce que vous les avez trop fréquentés ?

Ryan : Je n’y ai jamais pensé.

Callum : C’est marrant, je suis persuadé du contraire. On adore ces mecs et inconsciemment, leur musique nous a influencés. C’est évident.

James : La démo n’avait rien à voir avec la version du disque. Elle était beaucoup plus lente et faisait penser à du Bob Dylan 60’s. Mais elle sonnait un peu plat. Nous l’avons retravaillée pour prendre du plaisir à la jouer sur scène et éviter d’avoir à payer des droits d’auteurs à Mr Zimmerman (rires).

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Vous avez aussi tourné avec King Gizzard & the Lizzard Wizard. Y a t-il un esprit communautaire entre les groupes du label ?

Ryan : Nous avons vraiment l’impression de faire partie d’une famille.

James : L’équipe du label et les groupes signés sont adorables. Nous partageons la scène entre nous. Tu ne ressens pas de snobisme ni de hiérarchie. Tout le monde est là par passion pour la musique. Quand tu vois que des groupes indés d’autres labels refusent parfois de partager une loge parce qu’ils sont en tête d’affiche….

Ryan : Jeff Barrett y est pour beaucoup. Tout passe par lui. Il ne signe que des groupes avec lequels il s’entend bien et qui partagent sa vision et son état d’esprit.

Callum : Nous apprenons beaucoup au contact des autres groupes. The Parrots et King Gizzard tournent en permanence. Ils dégagent une énergie incroyable sur scène. Nous ne perdons pas une miette de leurs concerts pour nous en inspirer.

On parle souvent d’influence de groupes américains lorsque l’on cherche à décrire la musique du groupe. Pourtant, je trouve celui-ci beaucoup plus centré sur l’Angleterre. Je ne peux m’empêcher de penser au jeu de guitare de Graham Coxon, par exemple. Qu’en pensez-vous ?

James : Je suis d’accord avec toi, mais je n’arrive pas à l’expliquer. C’est comme si c’était tombé du ciel. Je vais te montrer mon iPod, il n’y a que de la musique américaine. C’est un super compliment pour nous que d’évoquer Graham Coxon. Son jeu est aussi beaucoup influencé par des groupes qui ne sont pas américains.

Ryan : A l’époque du premier album, nous écoutions beaucoup Pavement et Deerhunter. Nous nous cachions derrière ce son pour rester en territoire connu. La seule influence que je pourrais revendiquer pour “Big Box” serait le mouvement “British Invasion” des 60’s. Ayant progressé en tant que musicien, nous laissons ressortir plus facilement nos influences anglaises.

Callum : Pourtantn nous écoutons pas mal de country depuis un moment. Il n’y a rien de plus américain que ça !

Le nouvel album est plus marqué par des influences pop 60’s et 90’s que le précédent. Etes-vous plus attirés par la musique du passé que par celle de vos contemporains ?

Ryan : Nous sommes un peu coincés dans les 60’s. Beaucoup moins dans les 90’s. Pourquoi écouter des groupes récents qui sonnent comme Gram Parsons quand on peut écouter l’original ?

James : On se fait des compilations avec des styles ou des décennies spécifiques. On écoute ça à fond pendant deux semaines et on passe à autre chose.  

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Quelles sont vos principales sources d’inspiration pour vos paroles ? Parlez-vous surtout de votre vie ?

Ryan : Nous parlons souvent de gens que nous connaissons. “Bootcut Jimmy the G” est un type super glauque que nous avons rencontré à une soirée. Il est plus facile d’écrire sur des situations qui t’inspirent que de s’asseoir sur une chaise avec une feuille blanche et un crayon pour chercher l’inspiration. De temps en temps, nous inventons aussi des personnages.  

James : Nous avons gagné en confiance. Quelques textes ont même été rédigés en studio. Nous en aurions été incapables à nos débuts.

Katy-Anne Bellis par exemple, c’est également une de vos amies ?

Oui, c’est une artiste basée à Liverpool qui a habité le même immeuble que moi pendant quelques semaines.

“Lauren, I’m In Love” est une déclaration d’amour à la présentatrice radio Lauren Laverne (ex-membre de Kenickie, c’est une présentatrice connue et reconnue au Royaume-Uni, ndlr) et à la station pour laquelle elle travaille, BBC6 Music. C’est un thème de chanson un peu étrange, non ?

Harry : C’est aussi un hommage à BBC6 Music, la station de radio qui diffuse son émission quotidienne. C’est une radio incroyable. J’ai l’impression de n’écouter que ça, car tous mes amis l’ont en fond sonore du matin au soir. Un gage de qualité.

James : Nous avons enregistré une session pour son émission récemment. Pour l’occasion, nous lui avons offert un single vinyle dédicacé de la chanson. Il a été tiré à un unique exemplaire. Ça l’a beaucoup touchée.

Ryan : Nous étions stressés lors de notre première rencontre, il y a quelques années. Nous attendions dans un coin du studio avant de passer à l’antenne. Elle a surgi de nulle part pour se diriger vers la kitchenette pour se faire une tasse de thé. Ce premier contact m’a inspiré une mélodie sur le champ. Je l’ai notée immédiatement pour ne pas l’oublier. Elle se retrouve aujourd’hui sur le nouvel album. La boucle est bouclée.

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