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Disques

Superbravo – Sentinelle

Superbravo veille au grain de l’excellence de la chanson française avec cette Sentinelle aguerrie en mode furtif et camouflage.

C’est un Superbravo en superforme qu’on retrouve avec « Sentinelle ». Le superpower trio à deux voix a gagné en puissance sur ce deuxième album. Ce qui faisait le charme de « L’Angle Vivant » résidait en grande partie sur une économie de moyens musicaux à la disposition de textes puissants : quelques claviers joueurs, des percussions tout en légèreté et limitées à l’essentiel, des guitares savantes maîtrisées. « Sentinelle » reprend cette formule gagnante mais avec un gain substantiel d’ampleur : de la cuisine des débuts, on passe à des mets plus corsés, sans forcément changer de palette. On trouve des rythmiques plus riches, des rondeurs, des graves plus profond, plus d’espaces aussi. Et cette forme colle plus que jamais au fond.
Superbravo est maintenant en pleine possession de ses moyens et c’est le fruit de l’expérience et de son corollaire… le vieillissement.
« Sentinelle » est donc un disque sur le blues des cougars : ces créatures félines, sensuelles, joueuses, dangereuses et imprévisibles. Un peu à bout aussi. Les textes hyper travaillés sont comme de savants origamis dont les sens se déplient au fil des écoutes (en des temps de consumérisme et de fast-food musical : voilà de quoi tenir longuement la distance). « Il n’y a plus foule », titre Natafien, évoque-t-il une catastrophe apocalyptique post rupture ou environnementale et sociale ? Et finalement, n’est-ce pas la même chose (leçon proustienne) ? À moins que ce ne soit l’amertume liée à la perte de ses charmes et de leurs pouvoirs ?

Sur « Dans nos loups », Elli Medeiros s’invite à pas de velours dans une critique de nos temps modernes. « Sentinelle », sur des basses solides, est presque un chant gnostique sur l’impossible recherche de l’idéal, de l’Être Parfait.
Partout, fuite du temps (« Nos heures », « Fous Reflets ») et Intermittences du Cœur. Cœurs sous emprise, cherchant l’échappée ou à être captivés (« Ici Bas », « Mon Événement »), cœurs vieillissant ou vieillis (« Blême et Blanc »), embrumés d’ »Alcool » ou de musique (« Rickenbaker », « Chanteur »).
Si tout finit par foutre le camp car, tôt ou tard, tout finit par se transformer en merde (cf la 2e loi de la thermodynamique ajoutée par Woody Allen), reste donc la musique et la poésie, sous influence Mallarméenne aux petits pieds en Louboutin, pour se guérir et lutter, fuir peut-être parfois aussi. Tant qu’on aura des « Chanteur »s et chanteuses de cette trempe, usant avec brio de leurs atours et de leurs fragilités, on arrivera toujours à se tirer des gouffres dépressifs et, qui sait, toucher un peu de l’éternité. C’est une promesse qui semble fonctionner.

PS : si on avait bien parlé du 45 tours « Les Heures/Rickenbaker », on a complètement laissé passer l’info de ce 45 tours de Noël ! À commander avec l’album donc.

Avec l’aide de Johanna D. primée.

Sortie le 31 janvier 2020 chez Fraca !!!

 

Pistes :

Il n’y a plus foule
Dans nos loups
Ici Bas
Mon évènement
Chanteur
Sentinelle
Blème et blanc
Nos heures
Alcool
Fous reflets
Rickenbacker

3 comments
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