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Muzz – S/T

Faire un pas de côté pour se ressourcer. C’est ce que semble avoir voulu faire Paul Banks, le chanteur d’Interpol. Au début de ce siècle, ce groupe new-yorkais avait suscité un vif intérêt avec son rock tendu, grave et dynamique, fréquemment comparé à la musique de Joy Division. Les premiers albums du groupe étaient excellents mais, par la suite, malgré certaines qualités, la formule tournait un peu en rond. C’est sans doute pour cela que Paul Banks s’était déjà lancé en solo à la fin des années 2000. En 2016, lui qui avait toujours été fan de hip-hop avait également sorti un album en duo, sous le nom de Banks & Steelz, avec RZA du Wu-Tang Clan.

Cette fois-ci, son échappée d’Interpol prend une forme différente puisqu’il forme carrément un nouveau groupe avec deux vieux amis. Le groupe s’appelle Muzz et les deux amis en question sont Matt Barrick, le batteur des Walkmen, et Josh Kaufman, un producteur et multi-instrumentiste qui a notamment travaillé avec The National et qui a aussi son propre groupe folk, Bonny Light Horseman. Banks et Kaufman se connaissent même depuis le lycée. Tous les trois ont commencé à travailler ensemble en 2015, se réunissant régulièrement depuis, avançant tranquillement, à leur rythme, pour finalement aboutir à l’album dont il est ici question.


En comparaison avec la tension et le dynamisme des chansons d’Interpol, cet album apparaît beaucoup plus calme et retenu. C’est une impression de discrétion et d’élégante sobriété qui s’en dégage le plus souvent. Dès “Bad Feeling”, le morceau d’ouverture, le ton est donné avec le chant murmuré de Paul Banks. Cette maîtrise sait prendre plus d’ampleur, en particulier avec l’utilisation de cuivres sur plusieurs titres tels que “Red Western Sky” et “All Is Dead to Me”. Ces cuivres sont le plus souvent joués par les Westerlies, quartet basé à New York, qui ont notamment collaboré avec Fleet Foxes. Il faut alors saluer la richesse et la majesté des orchestrations de Josh Kaufman qui a su parfaitement insérer cuivres, cordes ou orgue dans l’atmosphère calme et retenue de l’ensemble.

La musique de Muzz peut aussi apparaître plus légère avec l’évanescent “Patchouli” ou l’éthéré “Summer Love”, modèle d’épure et de calme encore une fois. Une douce mélancolie est également de mise sur “Everything Like It Used to Be” et “Broken Tambourine”, mais toujours sans épanchement ni dramatisation. D’ailleurs, l’album se termine avec “Trinidad”, lente ballade acoustique accompagnée de cuivres élégants, et belle conclusion pour Muzz qui nous abandonne en douceur.


Avec Muzz, Paul Banks a donc calmé le jeu. Il a abandonné la gravité et l’a tension d’Interpol pour se diriger vers une musique plus calme et apaisée, une mélancolie élégante qui n’est pas sans rappeler celle de The National. Reste à savoir si cet album sera une œuvre sans lendemain ou s’il constituera la première pierre d’un nouvel édifice.

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